samedi 23 septembre 2017

Essai BMW K 1600 B

Quand, il y a deux ans environ, BMW a présenté son Concept 101 qui préfigurait ce qu'allait devenir la K 1600 B, nombreux sont ceux qui ont émis de sérieux doutes. Que venait donc faire un bagger dans la gamme du constructeur allemand. Et pourtant, cela semble bien légitime (Honda l'avait bien fait avec sa F6B sur base de Goldwing) et mon essai n'a fait que le confirmer !


Non, la gamme BMW ne résume pas à des trails et des routières ! Depuis quelques années déjà, le constructeur bavarois a amorcé un sérieux virage en diversifiant sérieusement son offre. D'abord avec des machines résolument sportives comme la S 1000 RR par exemple. Ensuite en osant le 6 cylindres sur une moto de grande série avec les K1600. Avec la gamme  néo-rétro Heritage encore et toute les déclinaisons autour de la NineT. Avec des machines d'entrée de gamme enfin, plus récemment, pour les modèles monocylindre destinés aux permis A2 que sont les G 310.
Dès lors, que BMW vienne chatouiller Honda, mais surtout Harley Davidson ou Indian sur le terrain des baggers ne devrait pas surprendre. C'est même assez logique dans la conquête de nouveaux marchés et de nouveaux clients. Et cette K 1600B a donc de mon point de vue toute sa légitimité au sein de l'offre BMW.

Pour avoir parcouru avec un grand bonheur plusieurs dizaines de milliers de kilomètres sur une K 1600 GT, je garde de cette moto un souvenir ému tant elle m'a apporté de plaisir à son guidon. Moteur tout simplement exceptionnel, comportement routier irréprochable, confort royal, freinage remarquable... Hormis une transmission perfectible, je ne trouvais rien à lui reprocher. Pour diverses raisons, j'ai choisi depuis de passer sur une autre moto, mais la K16 reste de loin ma machine de coeur. Prendre le guidon de cette nouvelle K 1600 B pour un essai était donc pour moi tout naturel. Je n'ai pas été déçu !




Dans son unique livrée noire, cette 16 B en jette, il faut quand même le reconnaître. Elle reprend tous les beaux atours des versions GT et GTL, mais y ajoute sa petite personnelle avec ses valises fixes dans lesquelles sont intégrés les feux arrière. La selle aussi est spécifique à ce modèle, mais elle ne déroge pas à la règle : confort pullman ! Les poignées passager sont aussi généreuses en dimensions que bien intégrées à la ligne de la moto, ce qui ne gâche rien.
Comme à chaque fois, démarrer le moteur d'u K16 est un ravissement pour les oreilles, tant le chant du six cylindres en ligne est fantastique. Une fois installé en selle, impossible d'être dépaysé, tout est conforme au reste de la gamme K1600 : tableau de bord, position des boutons sur les commodos, ergonomie de l'ordinateur de bord.. Seul le guidon en tube noir dénote dans le tableau général. Ce guidon fait d'ailleurs quelque peu polémique tant il est vrai qu'il n'est pas en rapport avec le reste de la machine à la finition particulièrement soignée. Alors, pour rassurer tout le monde, renseignement pris, sachez qu'il est possible de commander en option gratuite le guidon double branche de la K16 GTL ! Une bonne nouvelle pour qui veut soigner le look d'une telle machine dans les détails.




Comme tout K1600, le poids de la machine est conséquent avec plus de 320 kg. Il faut évidemment en tenir compte dans les manoeuvres à basse vitesse ou pour déplacer la moto moteur coupé. Mais l'arrivée cette année sur les K16 d'une marche arrière en option bien sûr !) pourra grandement faciliter la tâche. En revanche, une fois qu'elle roule, cette moto est incroyable de facilité, avec un équilibre parfait. Bien sûr, ce n'est pas une ballerine et on ne soutiendra pas le rythme d'un roadster affûté ou d'une maxi-trail, mais un pilote aguerri et qui aura vite mis la moto "à sa pogne" pourra soutenir des allures lui valant sans doute de perdre son permis en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire...

Plus encore que sur la GT 2017 que j'avais testée à sa sortie, la transmission semble désormais quasi parfaite. Terminé les à-coups du cardan à la coupure-remise des gaz. Quant au shifter, c'est un pur régal tant les vitesses passent vraiment comme dans du beurre, bien mieux que sur les R 1200 par exemple. S'il y a vraiment UNE option indispensable sur cette moto, c'est bien ce shifter !

L'agrément moteur est toujours bien là lui aussi. On peut aussi bien enrouler au couple en gardant la 6 enclenchée jusqu'au régime de ralenti sans que ça ne broute le moins du monde, que péter un boulon et mettre gaz en grand sur les rapports intermédiaires. Et là, la cavalerie se déchaîne ! Presque trop même pour le programme de cette machine. Car oui, j'en viens presque à me poser la question de l'intérêt de 160 cv sur un bagger.. En fait la réponse est simple : juste le plaisir ! Attention néanmoins, en cas de grosse envoyade avec cette moto : même si les repose-pieds sont placés à peu près comme une GT, les grosses platines highway placés au-dessus des pare-chute viendront rapidement frotter le bitume et vous rappeler à l''ordre ! En parlant de ces platines, si la position offerte ramène aux codes du bagger/custom et est confortable, on prendra garde de ne les utiliser qu'en mode cruising, parce qu'en cas d'urgence, les commandes de sélecteur et de frein arrière... ne sont pas là, mais au niveau des repose-pieds !




Le K16 B dispose d'une bulle courte (là encore, ça fait partie du style bagger !), mais toujours dotée d'un réglage en hauteur électrique. En position basse, la protection s'arrête au niveau des épaules d'un pilote de 1,75 m, mais en la relevant au maximum l'air sera dévié juste au dessus du casque, pour une protection proche d'un moto de grand tourisme classique. Pas si mal.
Les râleurs souffriront que les valises ne soient pas amovibles, puisque les feux arrière y sont intégrés. Mais franchement, un bagger sans ses valises, ce n'est plus un bagger ! Dont acte..
Dernier point de satisfaction : le freinage. En devenant B, le K16 n'a strictement rien perdu des attributs de sa famille. Le freinage est donc réellement puissant et endurant, bref à des années-lumière de ce que proposent par exemple les gros cruisers américains, même si ceux-ci ont fait de réels progrès sur les millésimes plus récents.

Alors, faut-il acheter un K 1600 B ? Sans hésitation, je dis oui... mais attention de ne pas se tromper de programme ! Ce qu'elle gagne en look et en originalité, cette moto le perds en polyvalence par rapport à ses soeurs GT et GTL. De même, en l'absence d'accessoires (dosseret sissy bar...), le passager sera moins à son aise.  En revanche, pour celui qui roule en solo, veut se faire plaisir avec une moto "différente" capable d'offrir des bonne sensations en mode cruising ou parfois plus énervé, alors là ce bagger est un choix de premier plan. Reste le prix de la bestiole qui, comme souvent, est quelque peu piquant... Mais enfin, pour qui en a les moyens, on ne vit qu'une fois, alors autant en profiter.

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