vendredi 25 mai 2018

Essai Triumph Bonneville Bobber et Bobber Black

Depuis la sortie de cette moto, je m'extasie devant le pari osé par Triumph en termes de design pour une machine de série tout autant que je m'interroge sur ce que l'on peut bien ressentir en matière de pilotage. J'ai eu enfin l'opportunité de tester cet étonnant engin, avec grand plaisir. Et de constater que la différence entre la Bobber et la Black va bien au delà du simple look !

Profitant de la dynamique de la remise à plat complète de sa gamme Bonneville, Triumph a fait le pari de commercialiser un modèle réellement décalé avec la Bobber. Décalé parce qu'il n'est pas commun de proposer une moto vraiment monoplace sans aucune possibilité de rajouter a posteriori une selle passager, par exemple. Décalé aussi par ce look unique empruntant au passé classique autant qu'à l'univers custom, mais avec une touche de modernité. Décalé par quelques détails techniques également, comme l'étonnant bloc compteur à l'inclinaison réglable ! Bref, en prenant place à bord d'une Bobber, on sait qu'on part pour un voyage "différent"... mais c'est bien ce que l'on vient chercher avec une telle machine, non ?



Les Bobber et Bobber Black possèdent la même base globale : moteur bicylindre 1200 cc issu de la Bonneville T120 et Thruxton, mais dans une version retravaillée avec une puissance très légèrement abaissée (77 ch au lieu de 80) et un couple renforcé et dont la valeur maximum s'atteint plus tôt. Ce caractère moteur sied particulièrement bien à ce type de moto orientée cruising... L'essentiel de la partie cycle est également commune, tout comme l'équipement.
Ce qui diffère, c'est principalement :  - la taille des roues : 16 arrière/19 avant sur la Bobber, 16 arrière/16 avant sur la Bobber Black,
- la plus grosse fourche sur la Black,
- un freinage simple disque à l'avant sur la Bobber et double disque sur la Black,
- le poids (228 kg pour la Bobber, 10 de plus pour la Black),
- un feu avant full led sur la Black,
- un régulateur de vitesse sur la Black,
- les coloris disponibles.
Dis comme ça sur le papier, ça ne parait pas révolutionnaire. Au roulage, il en va tout autrement ! J'ai commencé mon essai, sur les conseils de mon ami Bernard, vendeur attitré de Triumph à Grenoble, par la Bobber classique. Elle est ici dans une superbe robe purple qui lui sied parfaitement. Sur ce modèle d'essai, la selle est placée en position arrière (la selle est réglable en avancée), ce qui a aussi son importance sur les sensations de pilotage, j'en aurai confirmation ensuite avec la Black. Moteur lancé, ça ronronne joliment, on sent qu'il s'agit bien que l'on a affaire à un beau morceau de cylindrée conséquente ! Les beaux tubes d'échappement laissent échapper un doux râle, qui prend carrément une tonalité plus rageuse dès que l'on prend des tours. Et des tours, elle accepte d'en prendre cette machine. Bien sûr, on ne parle pas d'un quatre pattes hypersport japonais, mais les montées en régime sont loin d'être paresseuses, pour ne pas dire franches, et le compteur de vitesse voit son aiguille s'élever à bon rythme.





Je me sens immédiatement à mon aise sur cette moto, mais il faut que j'ai un passé de quelques années à rouler en gros cruiser/custom... Malgré le réel dynamisme du moteur et l'excellence de la partie cycle qui permet à la Bobber de virer comme sur un rail, on se prend à rouler plutôt cool. La maniabilité, grâce à la roue avant de 19 (comme sur les trails !) est excellent, la mise sur l'angle instinctive et facile. Malgré une hauteur d'ensemble, et donc une garde au sol, réduite ainsi que des repose-pied placé dans l'axe des jambes, on parvient à prendre suffisamment d'angle pour tourner sereinement sans frotter. Bien sûr, un habitué des roadsters qui essaiera de tourner comme avec sa moto raclera tout à la première épingle, mais une fois le "mode d'emploi" compris, j'ai trouvé que ça s'emmenait fort bien. Le moteur ultra-coupleux emporte son équipage sans jamais ronchonner, le tout avec une souplesse hallucinante pour un bicylindre de cette cylindrée. Il reprend ainsi sans jamais cogner même à moins de 1.500 tr/min, un vrai régal pour qui aime enrouler sans avoir à changer de rapport au moindre virage !





Si l'ensemble des suspensions est bien accordé et travaille convenablement en usage courant, attention au faible débattement de l'amortisseur arrière. Sur les fortes compressions ou les bosses un peu prononcées, ça vient vite cogner dur. Et comme la selle n'est pas un modèle d'épaisseur, on se prend quelques bons coups de raquette dans les lombaires. Du coup, la petitesse du réservoir (13 litres, dont 4 de réserve !) qui semblait être un gros défaut (c'en est un petit malgré tout !) pourra être vue comme salvatrice, imposant des pauses régulières pour faire le plein certes, mais aussi se remettre d'aplomb... Après une première partie de parcours en montée, il a bien fallu rentre... et donc redescendre, ce qui a permis de tester le freinage. Déjà, le bicylindre 1200 de cette Triumph offre un excellent frein moteur qui peut limiter l'usage des freins. Ensuite, en rythme d'usage normal, les simples disques avant et arrière de la Bobber suffisent amplement. Mais en utilisation un peu plus rapide, ils trouvent vite leurs limites et imposent de rendre la main.






Il en va tout autrement avec la version Black. Car à peine rentré de mon roulage en Bobber, Bernard me propose de partir avec la Black pour faire un comparatif ! C'est donc reparti pour un tour, sur la même route histoire pouvoir vraiment avoir un jugement le plus juste possible. D'emblée, au premier coup de frein, je sens une très nette différence : pour le coup, ça freine vraiment plus que ça ne se ralentit... Pour ma part, rien que cet aspect me fait avoir une préférence pour cette Bobber Black. Mais la différence ne s'arrête pas là, loin s'en faut. En récupérant une roue avant de 16' sur laquelle est montée un pneu "ballon", on perd certes en maniabilité et en légèreté de direction, mais on y gagne en en précision dans la conduite de courbe. par ailleurs, comme cette Black est, elle, montée avec une selle en position avancée, je me prends à adopter une position de conduite plus "aggressive" et sur l'avant et donc à rouler de façon plus rythmée. On n'est bien sûr pas sur un roadster, mais on se prend à rouler de façon plus rythmée et moins "custom" que sur la Bobber. Et comme le grondement du 1200 enchante à chaque remise de gaz, c'est un délice de pouvoir un peu plus envoyer... Résolument, cette Bobber Black me plaît plus !





Pour conclure, je me suis beaucoup amusé sur ces deux motos, proches dans leur esprit mais différentes dans leur pilotage. La Bobber Black a résolument ma préférence, autant pour son look que pour son freinage et la possibilité qu'elle offre de rouler de façon un peu plus pointue. Ces deux motos comportent malgré tout à mes yeux quelques petits défauts (mais quelle moto n'en a pas ?), parmi lesquels le confort "rustique" sur route dégradée, le (très) petit réservoir et surtout une transmission finale par chaine. On aurait bien plus vu une courroie sur ce genre de moto, à l'instar de ce que propose Harley Davidson sur sa 48, la plus grosse concurrente de cette Bobber. Il existe bien un kit d'adaptation (environ 900 euros), mais il impose une découpe de la boucle arrière du cadre pour être installé... et de ce fait est finalement fort peu recommandable, dommage. Mais enfin, on sera prêt sans doute à supporter le petit désagrément d'un nettoyage/graissage de chaine périodique pour avoir le plaisir de rouler sur cette moto...

Grand merci à Triumph Grenoble pour l'essai de ces deux excellentes bécanes.

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