dimanche 30 octobre 2022

Essai Brixton Cromwell 1200 : pourquoi dépenser plus ?

 Le néo-rétro a le vent en poupe, depuis quelques années déjà, en matière de moto. Quasiment tous les fabricants y vont de leur(s) modèle(s), avec plus ou moins de réussite et de talent d'ailleurs. Le classique dans le genre, c'est bien sûr le roadster. Mais à effet de mode, il faut malheureusement associer effet d'inflation de tarifs ce qui est bien dommage pour des machines souvent relativement "basiques". Du coup, quand j'ai vu poindre les annonces de la nouvelle Brixton Cromwell proposant un 1200 cc moderne à 10.000 balles, cela m'a interpellé ! Un essai s'imposait...

Brixton, voilà une marque qui ne fait pas référence auprès du péquin moyen, fut-il possesseur d'un permis moto Il faut bien dire que ladite marque est assez jeune et ne bénéficie pas encore d'un réseau de vente très conséquent. Malgré tout, depuis quelques années les premiers modèles commercialisés ont laissé entrevoir un certain esprit et des intentions assez marqués. Propriété d'un groupe autrichien (KSR) mais bien sûr fabriquées en Chine, les motos Brixton font plutôt partie du haut du panier de ce qui est produit là-bas. Et cette Cromwell 1200 fait même bien mieux que la moyenne de la production chinoise. Pourtant, en s'affichant à 10.000 euros en tarif neuf, on pouvait se demander ce que roadster 1200 allait proposer. La première impression est plutôt bonne : le design est soigné dans les moindres détails, avec une déclinaison des attributs de marque sur l'ensemble des pièces, du moteur à la selle en passant par les repose-pieds, la selle, le phare, le réservoir... Résolument inspirée d'une Triumph T120, la Cromwell en reprend tous les codes aussi bien esthétiques que techniques, mais en y apposant la griffe Brixton. Alors certes si l'on fouine dans les finitions, la Brixton ne fait pas aussi bien que la Triumph. Mais il y a plus de 3600 euros d'écart entre les deux machines ! Pour le coup, la Cromwell ne fait pas du tout machine au rabais, preuve en est le choix des éléments qui la composent, tels que la fourche Kayaba ou les freins Nissin. Cette moto est construite à la hauteur de ses ambitions et celui qui l'achètera ne sera clairement pas volé !




Trêve de palabres, une moto c'est fait pour rouler et c'est sur la route que l'on juge de sa pertinence. C'est donc sur un modèle raide de neuf que je pars faire cet essai. Pensez-donc, à peine 30 km au compteur ! Dès les premiers tours de roue, je me sens "comme à la maison" : la position de conduite est parfaitement naturelle, telle que l'on s'attend à la trouver sur un roadster de ce type. Le 1200 laisse immédiatement entrevoir son caractère : du couple, encore du couple, toujours du couple. Tout au long de cet essai je serai d'ailleurs impressionné par la disponibilité de ce moteur, quel que soit le régime. On peut rester sur un rapport de boîte élevé et laisser le régime descendre à 1200 tours sans que ça ne grogne ou cogne,k on tourne gentiment la poignée de gaz et ça repart sans ciller. Superbe, d'autant que cela se fait le moindre à-coup d'injection. Beau travail des développeurs ! Avec juste un peu plus de 80 cv (83 pour être précis), le but n'est pas d'avoir une grosse allonge quand on soude la main droite, mais ça n'est évidemment pas le programme ni l'ambition de cette moto. Mais ne nous y trompons pas, ça marche quand même très bien et on n'aura aucun mal à dépasser l'immense majorité de voitures quand cela sera nécessaire. Mais le vrai plaisir avec cette Cromwell 1200 (comme avec toutes les machines de ce genre) c'est d'enrouler à rythme serein, ladite sérénité pouvant atteindre des vitesses déjà prohibées  par le code de la route ! On sera d'autant plus vite rappelé à la réalité du rythme par la pression de l'air sur soi. J'avais un peu oublié, mais un roadster, ça n'offre quasiment aucune protection. Là, à partir des 100 km/h, on sait qu'on roule... mais ça fait partie de pourquoi on choisit une moto naked, non ?





L'agrément général de cette Cromwell est donc de mon point de vue très bon. Mais dans les détails, ça donne quoi ? Quelques remarques ! La plus importante concerne la selle : elle est ferme, mais en soit cela ne me g^ne que peu. En revanche, les arêtes formées pars ses coutures se ressentent trop et finissent pas rendre cette selle assez peu confortable. Dommage, la forme générale et l'esthétique sont plutôt pas mal. Autre point de critique pour moi, les rétroviseurs : la forme ronde n'appelle pas la critique, mais la longueur des tiges est trop réduite, ce qui fait que même bien réglés, la moitié des miroirs ne sert qu'à mirer vos coudes, ce qui est assez peu utile, ni pratique, ni safe ! Je ne saurais que trop recommander d'ajouter dès l'achat des extenseurs pour décaler les rétros, ou mieux encore pour l'efficacité comme l'esthétique, opter pour des rétros de bouts de guidon qui iraient à merveille sur ce roadster. Le tableau de bord se concentre sur un unique bloc compteur rond digital. On y retrouve toutes les infos nécessaires (et même plus !), dont une jauge à essence, alleluia. Dommage en revanche que tous les affichages et caractères soient si petits et nuisent quelque peu à la bonne lisibilité de l'ensemble. Enfin, la boîte de vitesse (certes complètement neuve et nécessitant son rodage) est un peu bruyante au passage des rapports. Entendons nous bien, elle n'accroche pas, il n'y a pas de faux points morts, non elle est juste un peu "klonkante"...

Après ces quelques critiques de détails, il faut quand même appuyer sur ce qui est l'essentiel : le comportement routier ne souffre pas la critique. Certes l'amortissement est typé plutôt ferme, mais la tenue de cap, même en appui en courbe, est très rassurante et sûre. Le freinage est impressionnant de mordant et de puissance, en tous cas à l'avant. Moteur et échappement sortent une bande son tout à fait charmante et en rapport avec ce que l'on attend de ce type de moto. Bref, on enquille les virages et les lignes droites à bon rythme, sans jamais se poser de question existentielle sur ce qui peut nous arriver en cas d'imprévu. La Cromwell 1200 est faire pour cruiser les kilomètres de balade sans se poser trop de questions, juste en se faisant plaisir. Et elle y parvient parfaitement !





L'heure du bilan ayant sonné, la question à se poser est: est-ce que dépenser 10 k€ dans une telle machine est une bonne affaire. Si l'on s'en tient purement à ce qu'offre cette Brixton Cromwell 1200 pour ce prix, ma réponse est incontestablement... OUI ! Car il faut mesurer cela à l'aune de sa concurrence sur le segment : à cylindrée équivalente, une Triumph T 120 vaut a minima 3600 euros de plus, voire 4.500 dans une version soignée, une BMW NineT Pure coûtera entre 4200 et beaucoup plus selon les options choisies ; plus modestes en cylindrée, mais dans le même esprit de roulage, on trouvera la Moto Guzzi V7 850 lui rendant presque 20 cv, en simple disque de frein à l'avant, sans phare LED (mais avec une transmission par cardan !) pour juste 400 euros de moins, ou une Royal Enfield Interceptor 650 bien plus basique, bien moins puissante... et bien plus abordable à 7.000 euros !

Une fois cela posé, on fait un point : 1200 cc, un look réussi et inspiré, un pack technologique complet (full LED, ABS et Traction Control Bosch, régulateur de vitesse, deux modes de conduite, compteur TFT), finition soignée, performances plus qu'honorables, prix ultra-serré... Que peut-on opposer à cela ? Une image de marque encore à construire et un réseau de diffusion encore limité, c'est tout. Pour le reste, si vous avez un revendeur près de chez vous, je ne vois pas le problème. Allez essayer, vous risquez d'être surpris !

Un très grand merci à la concession Pole Scoot de Fontaine (38) pour l'essai de cette moto !



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