samedi 5 mars 2011

Retour aux sources

En ce début mars où un soleil radieux vient enfin prendre le relais de la grisaille hivernale, c'est vers le nord que nous avons pris la route pour un petit week end familial au Saussois. C'est donc dans l'un des berceaux, que dis-je des temples, de l'escalade libre que nous grimpons, touchant du doigt quelques bouts de caillou, sinon mythiques, au moins historiques !

J'ai découvert les falaises du Saussois finalement pas si tardivement dans mon parcours de grimpeur. En 1995, je faisais mes premiers mouvements sur ce rocher si particulier. On trouve ici autant de perles en rocher gris compact que de sombres tas de caillasses à la limite de l'éboulis vertical, avec une constante : des prises à très grande majorité en trous... et, corollaire, souvent peu de pieds ! Il en découle une grimpe aussi physique que tirant fort sur les doigts, hyper exigeante et extrêmement délicate pour le à vue.

Plan large sur les falaises du Saussois...


Chaque retour ici est à la fois un bonheur et une claque. Un bonheur parce qu'il y règne une tranquillité oubliée sur les nombreux spots à la mode du Sud, une ambiance particulière et unique (même si l'historique restaurant des Roches a fermé et que nombre de grimpeurs parisiens préfèrent désormais demeurer dans les salles ou sur les blocs de Bleau). Une claque parce que dès lors qu'on ne grimpe pas régulièrement ici on est surpris par la violence des mouvements et la douleur dans les doigts provoquée par le tranchant des trous et la sollicitation des tendons.

Venant là depuis plus de 15 ans, j'ai largement écumé le potentiel, me faisant fort de systématiquement grimper TOUTES les voies, y compris les plus bousiques, simplement parce qu'elles sont là et qu'elles font partie d'un patrimoine unique en son genre. De fait, il ne me reste guère que les voies trop dures pour moi et que je ne ferai jamais... et quelques autres oubliées au détour du topo ! Aujourd'hui, c'est dans l'une de ces dernières que nous avons "péleriné" avec Delphine : un long 7c+ répondant au doux nom de "Belle du seigneur" et situé juste à droite du très beau 7b des "Bras de Morphée". Pas du tout sûr de mon coup quant à la localisation de la ligne et son tracé, j'ai prudemment fait à pied le tour de la falaise pour poser une moulinette du faible... Bien m'en a pris. Et heureusement que Thierry Fagard passait par là pour me confirmer l'itinéraire. Thierry est celui qui a dû ouvrir/équiper le plus de voies au Saussois et aux Rochers du Parc, c'est la mémoire vivante du site. Il sait tout sur tout et grimpe toujours, souvent seul.

Thierry Fagard, maître des lieux depuis des décennies !

Après une montée de repérage par madame, je me suis lancé dans la voie et j'y ai pris ma fessée réglementaire sur une série redoutable de petits mono et bidoigts dans un mur à peine déversant mais sans prises de pieds. Encore une fois, j'avais oublié comment ça tire fort dans les doigts ! Heureusement que madame est plus en canne et s'est offert, dans une montée randonnesque, la croix pour sauver l'honneur... Ce fut fait sous les yeux du local Eric Vales, une autre figure incontournable du lieu. BE, il travaille beaucoup dans le coin et a considérablement oeuvré pour la falaise. Toujours à 2.000%, il grimpe à fond et se lance dans des chantiers délicats comme sa tentative de répétition de l'intégrale de "Magic Line", un 8b+ de 50 mètres qui mérite bien son nom. La ligne est la plus pure du massif, avec une escalade variée et complète super exigeante. Seule une blessure au pied cet automne, alors qu'il était à un cheveu de la réussite, l'a empêché de finaliser. Mais motivé comme jamais, il remontait aujourd'hui dans la voie pour y caler à nouveau ses méthodes, cassant au passage une prise de pied dans un crux. Oups !!!

Eric Vales, un gaillard qui gagne à être connu !

Eric Vales au travail dans le haut de "Magic Line", 8b+

En cette magnifique journée prématurément printanière, nous n'avons pas été les seuls à vouloir profiter du créneau en falaise. Quelques cordées étaient donc de la partie, essentiellement dans des voies plus abordables et chacune un peu isolée des autres pour, sans doute, profiter sereinement de ce bon moment. Normalement, demain dimanche devrait nous offrir une autre très belle journée. Nous en profiterons pour aller visiter une autre "oubliée", une voie un peu perchée dans un coin peu fréquenté du Sausois...

Un grimpeur dans "Pepette show", un 6c au très beau caillou gris

Le pilier de la surclassique du Saussois "La Rech" et, au fond, le secteur Chimpanzodrome
Ze world faïmousse secteur Chimpanzodrome !!!