samedi 29 septembre 2018

Essai Royal Enfield Bullet 500 Classic : l'anti-dépresseur !

Il y a des motos qui vont font rêver. Certaines pour leur design, d'autres pour leurs performances, d'autres encore pour d'indéfinissables raisons. Pour moi, la Royal Enfield Bullet Classic fait sans aucun doute partie des ces dernières. Et enfin, j'ai pu aujourd'hui en essayer une... pour mon plus grand bonheur !


Le monde est fou... et nous y contribuons certainement tous. Comment expliquer que nous cherchions toujours plus de performances, par exemple, alors que le délire sécuritaire de nos gouvernants nous contraignent de plus en plus ? Les constructeurs nous proposent des machines à la technologie digne d'une navette spatiale et nous sommes contraints à nous déplacer à 80 km/h maximum ! Il y a vraiment un truc qui déconne gravement. Du coup, ce n'est pas pour rien que les mêmes constructeurs ont bien flairé le filon du néo-rétro, du vintage : des motos plus simples, au look rappelant les décennies éloignées, mais fiables et au parties-cycle modernes bien plus sûre que leurs illustres et glorieuses aînées.
Et puis il y a Royal Enfield ! Le constructeur indien fait peu ou prou la même moto depuis des dizaines d'années, pour le bonheur de dizaines de milliers de motards dans le monde. La Bullet est une institution, une icône oserais-je même jusqu'à dire. L'archétype de la pétoire ultra-simple qui est capable de vous emmener chercher le pain au village d'à côté comme de traverser l'Himalaya. Bien sûr, la Bullet a dû se moderniser un peu pour continuer à être commercialisée dans nos pays où les réglementations fleurissent plus vite que les arbres. Ainsi, pour devenir €4 compatible, cette moto dispose donc d'une injection électronique et d'un ABS. Mais pour le reste... bin c'est un toujours la même qu'avant ! Et c'est sans aucun doute ce qui fait son succès : la Bullet n'est pas vintage, elle est... comme elle a toujours été !

Après moult occasions manquées d'essayer cette moto, j'ai donc enfin pu rouler dessus ce matin. Autant vous le dire tout de suite, cet engin est un vraie machine à mettre mettre la banane sur le visage du motard. Elle est en fait la quintessence de ce que cherche celui qui roule à moto : offrir des sensations à la conduite. Je parle bien de conduite et non de pilotage, parce que c'est là que se trouve la magie de la Bullet : on roule à une vitesse inavouable (de lenteur !)... et on sourit niaisement ! Sur mon parcours d'essai, je ne pense pas avoir dépassé le 70 km/h, je me suis fait dépasser par des bagnoles... et je m'en foutais royalement.

Avec les tonnes de vibrations qu'elle distille, la Royal Enfield te rappelle que tu es vivant ! Au ralenti, ta vision se trouble tant le poum-poum cyclique du monocylindre de 500 cc te secoue de toutes parts. En roulant, ce sont tes pieds qui se font malaxer par les trépidations du moteur transmises directement dans les repose-pieds montés en rigide... Étonnamment, le reste du corps n'est alors plus soumis aux vibrations. L'amortissement est souple en diable et la large selle plate est en plus montée sur un double ressort, le tout conférant à la Bullet un confort surprenant. Les mains tombent naturellement sur le guidon, les pieds se posent sur des cale-pieds légèrement avancés, on est assis le dos presque droit... la position est surprenante au premier abord car éloigné des standards de la moto moderne, mais on s'y fait au bout de moins d'un kilomètre de roulage.

La simplicité de la Bullet, c'est celle de sa mécanique autant que de son équipement. Le bloc compteur est des plus dépouillé : vitesse à aiguille, kilométrage total, quelques voyants dont celui des cligno et celui du neutral, un témoin de réserve d'essence... C'est tout et tant mieux. On n'aura de toutes façons rarement la nécessité de plus que cela. Pas besoin, par exemple, de compte-tours, le bloc 500 prend ses régimes maxi au rythme d'un sénateur sous Tranxène et Xanax combinés. Pas besoin d'indicateur de rapport engagé, tu peux rouler en 5ème sur le régime de ralenti. Pas besoin de jauge d'essence, tu ouvres le bouchon de bidon et tu regardes au fond ce qu'il reste. La seule électronique, elle est dans l'injection. Pas be bulle, pas de carénage superflu, on est là pour prendre le vent dans les narines. On peut même se passer du démarreur électrique, la Bullet étant toujours dotée d'un kick ! Rouler en Royal Enfield, c'est finalement retrouver l'essence du motocyclisme et de ses valeurs parfois trop oubliées à cause de la technologie outrancière de nos motos actuelles. Et je vous jure que cette sensation vaut tous les anti-dépresseurs du monde !

Alors on me dira qu'une Bullet, ça n'avance pas. Oui, la vitesse de croisière sera autour de 80 km/h ou moins. Ca tombe bien, c'est la limitation actuelle. On me dira qu'une Bullet, ça ne freine pas. Si si, elle a même un freinage combiné très correct (combiné s'entend bien sûr ici dans le fait que le pilote doit actionner lui même le levier ET la pédale en même temps, hein !) et qui suffit amplement à stopper la moto eu égard aux vitesses atteintes. On me dira qu'une Bullet, ça n'a aucun aspect pratique. Bin oui, c'est pas un scooter avec un coffre sous la selle et un top case de livreur de pizza. Et alors ? On me dira qu'il est fou de mettre 6.000 balles dans une motocyclette de conception antédiluvienne, fabriquée en Inde et aux performances archaïques. Je dirai que ce n'est pas plus fou que de les mettre dans une montre, une chaine hi-fi, une semaine aux sports d'hiver ou juste la liste d'options d'une BMW moderne...

Avant de partir rouler avec, je m'en doutais. Au retour de seulement quelques kilomètres parcourus, j'en avais la confirmation. Si la Bullet connait un tel succès, c'est parce qu'elle est unique en son genre et qu'elle offre la possibilité de se régaler en moto tout en roulant à des vitesses permettant de conserver son permis plus d'une heure. Moi, j'ai adoré et si un jour je devais en prendre une ce serait dans son magnifique coloris Chrome qui la rend encore plus désirable. En attendant, ses good vibes vont me hanter longtemps...

Merci au personnel de la concession Dauphibike de Grenoble pour son accueil chaleureux et passionné et surtout pour le prêt impromptu de cette moto.













1 commentaire: