samedi 27 avril 2019

Essai Harley Davidson FXDR : le camion furieux

Depuis la disparition de la gamme des V-Rod et Muscle, il n'y avait plus de gros power cruiser chez Harley Davidson. Certes, cela ne semble pas être le plus gros du business pour la marque de Milwaukee. Mais quand même... Avec cette FXDR, la lacune est comblée et de belle manière. Mais à rouler, ça donne quoi ?

Commençons par le commencement : un power cruiser, c'est quoi ? Avant tout, c'est un moteur, évidemment le plus gros et coupleux possible, avec aussi la louche de puissance qui va bien, tout cela pour garantir des performances bien au-delà de ce que le genre custom offre généralement, voire même du niveau de certaines machines sportives. Si si !!! Mais un power cruiser c'est aussi une partie-cycle rigoureuse, des freins efficaces et surtout un look le plus bestial possible. On adhère ou pas, mais ça ne laisse pas indifférent. L'initiateur du genre a bien sûr été le Yamaha V-Max 1200 (puis sa version 1700), chez Ducati on a le Diavel et le X-Diavel, chez Suzuki on avait le VZR 1800, chez Triumph c'était la Rocket III. Et donc désormais chez Harley Davidson, le rôle est pris par le FXDR 114.



114, c'est pour 114 cubic inches, soit pas moins de 1868 cm3 ! Avec une telle cylindrée, le couple est énorme (160 Nm), mais on reste sur sa faim question puissance pure, laquelle plafonne à 91 ch quand la concurrence en propose jusqu'à presque 160. Pas grave, l'essentiel n'est pas là. Ce moteur est esthétique et monumental, à l'image de l'énorme filtre à air juché sur le côté droit et dans lequel vient un peu buter le genou lorsque l'on est en selle. L'arrière tronqué est un effet de style remarquable et dégage la vue sur la monstrueuse roue arrière chaussée d'un pneu de 240 mm de largeur. La grosse fourche inversée est ouverte selon un angle de chasse assez important qui contribue au look particulier de cet engin. Quant au silencieux d'échappement, il est aussi volumineux que finalement assez raisonnable dans le volume sonore dispensé. Deux gros disques de freins à l'avant et un à l'arrière sont là pour rappeler que cette moto peut aller vite, très vite, et qu'il ce qu'il faut pour l'arrêter en cas de besoin !




Allez, en selle ! Pour cela, on enjambe facilement l'engin qui n'est vraiment pas haut et on "descend" s'asseoir sur la belle selle monoplace. En face de soi, un bloc compteur pour le moins minimaliste puisqu'il s'agit d'un simple pavé numérique, qui plus est monochrome. Si les infos disponibles sont nombreuses, la dimension rikiki dudit pavé ne permet pas de les afficher simultanément et en réduit réellement la lisibilité. Dommage, surtout eu égard au tarif de l'engin et, une fois de plus, de ce que propose par exemple une Ducati X-Diavel pour ne citer qu'elle.
La position de conduite est pour le moins radicale, le guidon étant au moins autant porté vers l'avant que les repose-pieds, avec une selle qui vous cale les fesses, mais loin en arrière ! Si vous avez le dos fragile, passez votre chemin. Si vous faites moins de 1,70 m, ça va être compliqué aussi... Clairement, cette moto est un dragster sans concession et vous le fait savoir avant même d'avoir enclencher la première. Qu'à cela ne tienne, j'ai eu l'habitude du genre avec mon ex VZR et je n'ai peur de rien ! N'empêche que l'effet cumulé de cette position, de la fourche très ouverte, de l'empattement long et du gros gommard arrière fait qu'on a l'impression de devoir faire rouler un camion, bien que le FXDR ne pèse "que" 290 kg.
En revanche, ce qui est bien avec un camion, c'est qu'on en a aussi le moulin. Et là, attention, ça dépote furieusement. Sur les routes mouillées de mon essai matinal, il fallait y aller très mollo sur la poignée de gaz, parce que les virgules à l'accélération en sortie de virage dues au couple énorme délivré par le 114, c'est pas du cinéma ! Ce bloc donne réellement un comportement catapulte à cette moto, complètement jouissif d'autant plus qu'accompagné d'un gros grondement à l'échappement. Sur ce point précis, on sent néanmoins bien l'effet castrateur de l'Euro 4 et le besoin de libérer l'ensemble par le fameux Stage 1... Vu ce dont est capable ce moteur, il faut garder la tête froide et avoir un bon bagage de motard derrière soi pour pouvoir exploiter correctement cette FXDR sur route sans se faire peur ni prendre de risque. Mais une fois le mode d'emploi assimilé, il y a moyen de vraiment se marrer à son guidon, c'est évident. Car si la position de pilotage est contraignante, elle a le mérite de mettre les repose-pieds plus loin du sol que d'habitude chez Harley pour mettre plus d'angle.




Au delà du peu de confort de la position, les suspensions font plutôt du bon travail. Du moins tant que le bitume n'est pas trop dégradé, car sur les bosses et trous, l'amortisseur arrière s'avère un poil sec. Peut-être le prix à payer pour un comportement routier qui est, lui, irréprochable en conduite de courbe, à la condition que le pilote s'implique physiquement dans le guidage de la moto. Comme dit plus haut, le freinage est bien dimensionné et l'avant donne un bon feeling et de la puissance. L'arrière demande un appui franc sur la pédale pour faire effet... ce qui sera peu aisé si vous êtes petit, donc avec la jambe droite déjà assez tendue pour attraper le repose-pied !
Côté transmission, la boîte laisse passer et verrouille les six rapports facilement, avec un "klonk" caractéristique mais bien atténué par rapport à ce qu'on a pu connaitre chez HD par le passé. Bien entendu, la transmission finale est assurée par une énorme courroie, ce qui est un vrai avantage en terme de facilité d'entretien pour l'utilisateur.



La finition et les matériaux utilisés sont aux standards de la marque américaine sur sa gamme Softail, c'est-à-dire très bons. On se régale par exemple du superbe bras oscillant en aluminium et du massif support de plaque/bavette qui lui est adjoint. La ligne d'échappement est également soignée, tout comme les ajustements des diverses pièces de la machine. Je suis en revanche resté un peu dépité du faible niveau d'équipement de cette moto, en regard bien sûr de son tarif de 25.000 euros. Mais bon, on est chez HD... et on n'achète pas une bécane pareille pour avoir des poignées chauffantes (quoi que...). En tous cas, il est certain que ce n'est pas une moto qui fera l'unanimité, que ce soit chez les aficionados de la marque, souvent plutôt conservateurs dans l'approche custom voire même kustom, comme chez d'éventuels amateurs que la marque américaine compte bien aller débaucher avec cet engin atypique. En tous cas, si le diable s'habille en Prada, il roule aussi sans doute en FXDR !

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