samedi 19 août 2023

Le Vercors en Vespa

 Il y a deux ans tout juste, je réalisais un essai de la fameuse Vespa GTS 300 Super Tech et j'avais alors eu un coup de foudre immédiat pour cette petite machine tellement attachante. Au cours de mes bientôt 15 ans de virées motocyclistes, j'ai pu rencontrer régulièrement des petits groupes de riders, souvent italiens, en balade juchés sur ces pétoires qu'on ne penserait pas faites pour autre chose que les déplacements urbains. M'est alors apparue une question existentielle : est-il vraiment et raisonnablement possible d'envisager des sorties longues, voire des road trips, sur une telle monture pas prévue pour cela à la base ? Et comme je n'aime pas avoir une question sans réponse, j'ai décidé de faire le test moi-même ! J'ai donc emmené la nouvelle version 2023 de la Vespa 300 dans le Vercors pour une balade de 300 km environ...

Grâce à la concession grenobloise La Scooteria, j'ai pu disposer pour cette virée du nec plus ultra de la Vespa moderne : une 300 GTS Super Tech de 2023, équipée en plus d'un saut de vent court, d'un top case assorti... et d'un silencieux Akrapovic. Cette machine dispose donc de toutes les dernières nouveautés, dont l'upgrade de suspension avant qui fait son effet et apporte un comportement du train avant plus rigoureux en conduite de courbe, en particulier sur terrain bosselé. Pour le reste, on est toujours face à une véritable Vespa : carrosserie "tout en tôle", petites roues de 12', format très compact, grosse selle, quasi 25 chevaux (en version 300) et poids plume de 150 kg. 

Pour aller me faire une bonne idée de cette "guêpe", je vais parcourir ces routes vertacos que je connais tant et qui, pour certaines, sont des juges de paix quant aux capacités et à l'agrément des motos. Le programme est donc chargé avec les Gorges d'Engins, puis celles de la Bourne eu guise de préambule. Ensuite j'enchainerai sur Combe Laval, la forêt de Lente, le col du Rousset pour rejoindre Die. Pour le retour, on refera le Rousset à la montée cette fois, puis on ira à La Chapelle en Vercors, le plateau des Quatre Montagnes et on redescendra vers la cuvette par Saint Nizier du Moucherotte. Un bien beau programme, ne reste plus qu'à voir comme cette Vespa va se comporter sur ce genre de parcours...







Le temps de se réhabituer au comportement de la Vespa, posée sur ses deux (vraiment) petites roues, et me voilà déjà engagé dans les premiers enchaînements de virages et les premières épingles. Tout se passe bien, ça tient le parquet et on peut enrouler gentiment dans le trafic dense des touristes qui vont chercher (sans trop de succès sans doute) un peu de fraîcheur sur le plateau. En choisissant bien et en anticipant un minimum, on parvient même à doubler certaines voitures qui bouchonnent la circulation. En tous cas, les seulement 25 chevaux du petit monocylindre transalpin suffisent amplement à se déplacer en sécurité, en tous cas en mode solo, peut-être serait- ce un peu juste en duo.

Après avoir bénéficié des seuls instants de fraîcheur le matin dans les Gorges d'Engins, le reste du parcours voit la température ambiante ne faire que monter. Rien d'insupportable jusqu'à la mi-journée cependant, jusqu'à) sortir du tunnel du Rousset et prendre une grosse claque de chaleur remontant du versant sud. Je fais donc une pause à Die, histoire de me désaltérer et me sustenter à La Stazione, un restaurant tout à fait à fait de circonstances aujourd'hui ! Une heure a près, je reprends le Rousset dans l'autre sens, à la montée donc. C'est là que l'on va vraiment voir de quoi cette petite Vespa est vraiment capable. Hé bien franchement, je n'en suis encore pas revenu ! Pour avoir monté ce col des dizaines de fois, toujours avec des motos puissantes, j'ai des éléments de référence et de comparaison intéressants. Je ne me suis pas traîné du tout et j'ai même pris grand plaisir à piloter (oui oui, piloter !) la Vespa dans ces enchaînements de virages rapides et d'épingles. Vraiment ! Un autre bon test arrive peu après : la route très rapide mais bien bumpy qui ramène à La Chapelle en Vercors. On peut y prendre des vitesses inavouables, mais il faut rester bien vigilant car creux et bosses, parfois en appui dans une légère courbe, ont tôt fait de vous sortir dangereusement de la bonne trajectoire. C'est dans ces conditions qu'il faut rester raisonnable avec la Vespa. Non pas qu'elle ne se comporte pas bien, mais son empattement court et son poids plume qui sont un atout pour la maniabilité, deviennent une limite pour le contrôle à vitesse élevée si la route vous secoue par ses irrégularités. Pour terminer, la descente de Saint Nizier vers Grenoble confirme un ressenti de toute la journée : la plus grosse limite de la Vespa en balade de ce genre, ce sont ses freins. Pas de miracle à espérer, vu le diamètre des roues celui des disques est forcément limité ! Il semble qu'il existe des solutions pour améliorer cela à moindre coût, avec de meilleurs disques/plaquettes.






Le bilan de la journée est positif sur tous les points. Le Vercors est toujours aussi beau, c'est toujours un lieu aussi plaisant pour s'y balader, y grimper ou y vivre pour le plus chanceux... Quant à ma petite Vespa, elle a démontré qu'elle était tout à fait capable d'emmener son pilote en voyage de manière sûre et efficace. Elle s'est montrée bien assez véloce, confortable pour des parcours de plusieurs centaines de kilomètres par jour. Pour les voyageurs au long cours, elle peut être équipée d'un top case comme celui dont je disposais ou simplement du porte-paquet qui le supporte, mais aussi d'un autre porte-paquet sur le tablier avant ! On dispose aussi du coffre sous la selle qui peut accueillir un petit sac à dos quand on roule et un casque (jet) et quelques autres bricoles à l'arrêt. Si on voyage en solo, la selle pourra aussi recevoir un gros sac de voyage sanglé. Bref, aucun problème à emporter tout le nécessaire à un road trip de plusieurs jours. Certains me rétorqueront que le réservoir de la Vespa ne fait que 8,5 litres et que c'est trop peu pour faire des étapes conséquentes. Bin non... parce que la consommation de l'engin ne dépasse pas les 3 litres/100 km, ce qui permet de parcourir sans souci 250 km entre deux ravitaillements, ce qui largement au niveau de la plupart des motos classiques. 

Après cette journée de roulage, j'ai donc la confirmation de ce que je soupçonnais fortement, à savoir que les Vespistes voyageurs ne sont pas de doux-dingues, juste des motocyclistes qui veulent vivre leurs voyages à deux roues différemment. La dolce vita en Vespa n'est qu'un mythe, elle est à portée de main de qui souhaite "explorer" autrement. À condition de mettre son ego de motard de côté, ce qui à titre personnel n'est même pas une question. Forza Vespisti !

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