Il s'agit là d'une version Touring, la version custom n'étant pas encore
disponible dans la plupart des concessions. Pas grave, je m'en
"contenterai", et cela donnera de toutes façons une vision juste de ce
que vaut cette moto.
On me sort gentiment la machine, puis on la démarre pour moi. Quel joli
son : moteur et échappement contribuent à une mélodie assez typiques
Guzzi et bien plaisante. Explications des différent modes (Touring,
Sport, Pluie) accessibles en roulant depuis le commodo de démarrage et
on me laisse partir...
Je vous avoue que, malgré mon habitude des
grosses motos, ce n'est pas sans une certaine petite appréhension qu'on
prend le guidon d'une moto de ce genre. Plus que le poids, c'est surtout
le gabarit (largeur avec la bagagerie incluse) qui impressionne et je
garde bien en tête de faire gaffe pour éviter une Lolo Cochet FJR Spéciale !
J'enclenche la première mais suis pris d'un énorme doute : pas le
moindre klok ni à coup... Je suis obligé de vérifier au tableau de bord
sur l'indicateur de rapport engagé que la vitesse est bien verrouillée.
Mazette, ça change de la boite de char russe de mon VZR !!! Par la
suite, durant tout mon roulage, je serai d'ailleurs impressionné par la
douceur de la boite et la facilité de passage des rapports. Du vrai
beurre ! Notons au passage que les California (Touring et Custom) sont
dotées de repose-pieds de type plateforme et d'un sélecteur double
branche. Je craignais que celui-ci soit gênant, mais bien au contraire
cela s'avère un vrai régal à utiliser.
Je roule donc en prenant tous types de route : sur voie rapide, la
protection du pare-brise s'avère plutôt bluffante, me permettant de
cruiser écran de casque relevé jusqu'à 120 km/h. Pour les puristes du
style et les balades estivales, ce pare-brise est démontable en quelques
minutes assez aisément.
Vient alors un passage sur de plus petites
routes, tournicotantes. Malgré son poids et son gabarit, la California
est déconcertante de facilité. La mise sur l'angle est bien plus aisée
qu'avec mon 1800, le comportement en virage est impérial de rigueur.
Bien sûr, l'angle que l'on peut prendre demeure limité, mais on peut
bien rouler sans inquiétude. Par ailleurs, sur ce bout de route
passablement défoncé, je suis très agréablement surpris par l'efficacité
de l'amortissement de cette machine. On est loin d'un tape-cul comme le
sont parfois les gros customs, là c'est plutôt du pullman ! Comme par
ailleurs la position de conduite est très agréable et la selle parfaite,
on obtient un confort de tout premier ordre.
Quant au freinage, là encore c'est une bonne surprise. Malgré son poids
important, la California est bien freinée, très bien même avec un
mordant du combiné avant vraiment réel (double disque montage radial +
durites avia) et un arrière qui complète parfaitement la mission que
constitue l'arrêt d'un engin de 350 kg !
Un point noir néanmoins me concernant : le guidon
cornes de vache, un peu incliné vers le bas, me fait adopter une
position des bars et mains peu agréable et qui ne me donnent pas une
bonne sensation de contrôle du guidon. Par ailleurs, les rétroviseurs
sont du coup implantés trop vers l'arrière à mon goût (sans que cela
gêne leur efficacité). Mais on doit pouvoir le relever un peu pour
changer cela, et surtout la version Custom est dotée d'un autre guidon,
plus plat et proche de ce que je connais.
En usage urbain, la California Touring reste un gros engin qui, s'il se
manoeuvre aisément dès qu'il roule, doit amener à la plus grande
circonspection si l'on cherche à se faufiler ainsi que lors des
manoeuvres à l'arrêt.
Question look, on aime ou pas, mais force est de reconnaître que ça a
une sacrée gueule. La bagagerie est bien intégrée et d'un volume sympa,
même si les valises ne peuvent engloutir un casque intégral. Le gros
bloc compteur est lisible et moi j'aime son look. Quant à l finition,
elle est de très très belle facture.
Et ce moteur alors ? Parce qu'une Guzzi, c'est
aussi et surtout un gros twin ! Il faut avouer que ce 1400 est un
monument, avec une esthétique incomparable. Sur la moto, à l'arrêt à un
feu, je me régale de mettre de petits coups de gaz qui redressent la
moto à coups de couple de renversement ! Au roulage, ce 1400 s'avère
bien coupleux et permet d'enrouler en souplesse sur des rapports élevés
sans le moindre cognement de bas régime. Bien vibrant, il sait aussi ne
pas rechigner à de franches montées en régime (pas trop fort quand même,
mon exemplaire est en rodage) avec un caractère bien latin qui file
la banane. La puissance est de 96 poneys, bien suffisantes pour le
programme de cette moto car bien disponible à tous les étages. En
revanche, ce moteur refroidi par air/huile chauffe et, du fait de la
position des cylindres, ça chauffe fort les genoux. En ville en été, ça
doit être infernal !
Alors, bilan des courses ? C'est
incontestablement une réussite. La California est "facile" pour son
gabarit, très belle et bien finie, performante, efficace dans son
programme, le tout avec un caractère propre aux motos italiennes... Je
me suis régalé. Plus intéressé par la version Custom que cette Touring,
je pense que l'allègement dû aux équipements supprimés (pare-brise,
phares additionnels, bagagerie) ne peut que lui être bénéfique en termes
de comportement dynamique (et d'esthétique en ce qui me concerne !).
Également très bien équipée (ABS, contrôle de traction, alarme, 3 modes
de carto, régulateur de vitesse...), c'est de la belle ouvrage.
Reste la question qui fâche : le prix. Cette moto est chère, très chère
même ! Elle en donne sans aucun doute pour son argent, mais cela risque
de ne pas forcément faciliter sa diffusion auprès d'un public qui, dans
cette gamme de machine et de prix, a plus tendance à aller reluquer du
côté de Milwaukee que de Mandello...
Merci à Run Motos pour cet essai impromptu !
AU DIABLE MILWAUKEE!!!
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