N'ayant jamais vraiment eu l'occasion de tester cette moto à la
réputation assez mythique, il faut le reconnaître, j'ai eu envie de
pallier ce manque. Direction donc Moto Labo GP pour un rapide essai.
Venant de mon paquebot de K1600, la Speed me
parait vraiment toute petite et compacte. Dans sa livrée rouge, elle
claque bien. Je reste fan de l'esthétique de cette moto, en particulier
avec ses pots hauts qui dégagent parfaitement le monobras et la superbe
jante de la roue arrière. Certes, des pots hauts sont une aberration
physique qui veut qu'on place le plus de poids possible en bas, mais
bon...
En m'installant en selle, je me trouve assez basculé vers
l'avant, relativement en appui à la fois de l'abdomen sur le réservoir
rebondi et sur les poignets. Cette légère bascule n'est pourtant pas
désagréable et vous permet de bien faire corps avec la machine
Au
bout d'un kilomètre à peine, je me trouve à l'aise sur cette machine.
La position me convient vraiment parfaitement. Les repose-pieds sont
hauts mais pas trop, la selle confortable. Le moteur trois cylindres
délivre à la fois un son rauque et un sifflement caractéristique des
trois pattes. C'est assez sympa à entendre. Pesant à peine plus de 200
kg, compacte, la moto se manie au doigt et à l'oeil. Ca tracte dès les
bas régimes et ça monte vite dans les tours en donnant de la puissance,
les changements de rapports étant guidés par le shiftlight (réglable) au
dessus du compte-tours. A bas régimes, ça se conduit plus aisément
qu'un Street Triple 675, grâce à un bon couple. Cette Speed permet donc
de rouler cool, sur le couple, alors qu'une Street impose de tirer
dedans et donc envoyer du bois...
Dès lors que l'on visse la
poignée, la Speed s'envole, maigré le bridage qui l'ampute d'une
trentaine de chevaux. Avec un peu de maîtrise, cette machine doit être
une arme. C'est d'autant plus vrai que c'est un rail une fois sur
l'angle. Le comportement est sain, prévisible et seule une légère
propension à se relever si on prend le frein avant sur l'angle peut être
remarquable.
En
parlant de freinage, le frein arrière, malgré un disque de bonne taille
et l'ABS, m'a semblé faiblard à moins de taper franchement dans la
pédale. De fait, il ne faut le considérer que comme un ralentisseur
permettant de bien asseoir ou ajuster la moto en courbe. Pour le frein
avant, ça n'a pas le mordant d'une Ducati à l'attaque de levier, mais
c'est finalement plus progressif et gérable ! Moi, j'ai apprécie en tous
cas. Et quand on tire un peu plus fort sur ledit levier, ça vous colle
comme il faut au bitume en décélération !
Les suspensions
effectuent un très bon travail, dans toutes les configurations :
transferts de masse en accélération/freinage, absorption des trous et
bosses de la chaussée, tout est bien géré, donnant même un certain
confort à ce roadster typé sportif. On peut sans problème faire des
kilomètrès avec cet engin, d'autant que la selle est bien rembourrée
d'origine.
La finition, les ajustements et autres petits détails sont
bien soignés, on sent que Triumph est attentif à livrer des machines de
qualité. Ca fait plaisir à voir.
Dans
ce tableau idyllique, demeurent malgré tout quelques points noirs. Le
premier d'entre eux est les rétroviseurs qui donnent une vue parfaite...
sur vos coudes ! Impossible de les régler comme il faut pour y voir
quelque chose, limite dangereux ! Pas d'indicateur de rapport en gagé
non plus, c'est dommage d'autant qu'il est présent sur les Street
Triple. Enfin, malgré la possibilité de rouler cool, ce roadster est
forcément un pousse au crime en termes de vitesse... Mais là, c'est pas
de la faute de Triumph !
Bref, j'ai bien aimé...
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