samedi 3 novembre 2018

Essai BMW F 850 GS

C'est assez dingue comme on peut, parfois, ne pas accrocher du tout avec la mécanique d'une machine. C'était mon cas avec les sériés F de BMW mues par le bicylindre 800 Rotax. Non pas que c'étaient de mauvaises motos, loin de là... Juste que le niveau d'émotion ressentie en conduisant ces motos étaient nul (ou à peine mieux avec le roadster F 800 R). Avec l'arrivée du nouveau bloc 850 et d'une moto entièrement remaniée dans la version GS, allait-ce être mieux ? Bien possible, car la réalisation semble à la hauteur de la promesse. Seul un essai routier pourrait me convaincre (ou pas)... dont acte !

En partant au guidon de cette nouvelle F 850 GS, je ne savais vraiment pas à quoi m'attendre. Tout juste étais-je passablement sur la défensive par rapport au comportement de cette moto équipée de roues de 17 (arrière) et 21 pouces (avant). C'est une monte classique pour les machines à réelle vocation off road, mais ma maigre expérience de roulage avec ce type de diamètre de roues n'avait pas été concluante. Advienne que pourra...


Après juste quelques kilomètres de parcours péri-urbain pour me familiariser avec l'engin, je peux déjà affirmer que ce nouveau bloc 850 n'a plus grand-chose à voir avec son devancier... et que ce n'est clairement pas pour me déplaire ! Il est plus vif, prend ses tours plus vite et avec plus de hargne. Il n'est pas beaucoup plus puissant (95 cv au lieu de 87), mais la différence me semble plus importante. Surtout, au lieu d'un caractère digne d'un sèche-cheveux taïwanais, on a droit à quelque chose qui grogne et se manifeste avec plus de personnalité. À titre personnel, je n'aime toujours pas vraiment sa sonorité, même doté d'un silencieux Akrapovic comme en est équipé mon modèle d'essai. Mais au moins, il se passe quelque chose. Bon point.
Je suis plus circonspect quant à la puissance délivrée par ce bloc. Certes, dans les conditions légales actuelles, les 95 chevaux dispensés sont largement suffisants pour saccager son permis en presque moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire. Par ailleurs, cela permet à la 850 GS d'être permis A2 compatible car bridable à 47,5 cv. "Marketinguement" parlant, ça se défend. Loin de moi l'idée de dire qu'une moto doit fait au moins 120 cv. Je me suis d'ailleurs très souvent régaler sur des engins faisant aux alentours de 50 poneys. Mais avec cette 850, j'avais la curieuse impression d'en avoir... mais juste pas assez, la sensation d'être dans une sorte d'entre deux. On me traitera de cinglé, peut-être, mais c'est mon impression.




C'est d'autant plus dommage que j'ai été en revanche bluffé par la partie cycle de cette F 850 GS que j'ai trouvé quasi irréprochable. La mise sur l'angle, les enchaînements de pif-paf sont de simples formalités. La faible largeur des pneus y aide, mais les qualités dynamiques de cette moto sont prédominantes sur ce point. La conduite de courbe, contre toutes mes attentes, est sûre et rassurante. Joueuse, cette F 850 l'est assurément et on se prend vite à se jeter d'un virage à l'autre dans une grande confiance. C'est aussi là qu'on appréciera un freinage à la hauteur des performances : progressif, rassurant et avec une efficacité qui dure. Il faudra juste composer avec un effet "cheval à bascule" important (surtout vers l'avant) dû à des débattements et une souplesse relative de suspensions propre à une moto imaginée pour un usage hors bitume. Autre point de détail, j'ai trouvé la pédale de frein arrière placée trop bas et obligeant donc à un mouvement contraignant de la cheville. En revanche, un bon point est à mettre à son crédit en termes d'accessibilité : elle est haute de selle, mais malgré mon mètre soixante-douze, je parviens à poser les deux pieds au sol (certes, pas à plat) lorsqu'elle est droite. Par ailleurs, en restant juste sous la barre des 230 kg, elle se manoeuvre sans difficulté, en tous cas de façon aisée pour une machine de ce gabarit. Et enfin son équilibre, sans atteindre celui quasi parfait des modèles R, se montre très rassurant.






Une moto comme la F 850 GS est censée être conçue pour voyager. Son confort se doit donc d'être au centre des préoccupations. Sur ce point, elle souffle néanmoins le chaud et le froid. Le chaud, c'est une position de conduite, comme toujours sur les modèles bavarois, quasi parfaite. On se sent au bout de 500 mètres sur cette moto comme si on l'avait toujours conduite. L'ergonomie des commandes profite de toute l'expérience accumulée par BMW au fil des décennies et tout tombe naturellement sous les mains. Si la selle m'a paru vraiment ferme de prime abord, cela ne s'est finalement pas avéré gênant durant mon essai. Les suspensions travaillent superbement bien et, aidées par le système ESA, elles confèrent à cette GS un agrément réel en ce qui concerne le filtrage des irrégularités de la chaussée.
Le froid, c'est une bulle, que dis-je, un saute-vent d'une taille totalement risible et ne protégeant en rien le pilote. Et en plus, aucun système ne permet de régler la bulle en hauteur, ni électriquement bien sûr, ni avec une molette comme sur la 1200 GS, ni même avec outil, un comble. Passé 90 km/h, on en prend réellement plein la tronche comme sur un roadster. Si l'on peut admettre ce choix d'une mini-bulle pour le off road, en mode voyage et même quotidien c'est carrément insupportable ! Il faudra impérativement passer par la case accessoire pour y remédier... Le froid, c'est bien sûr aussi le fait de devoir passer par la case (coûteuse !) options/packs pour pouvoir disposer des meilleurs équipements sur cette moto.




Puisque l'on parle équipements, sachez que cette F 850 GS peut disposer, comme dit juste au dessus souvent en option, de tous les équipements que l'on trouve sur la gamme supérieure (R 1200 GS) : écran TFT, ESA Dynamic, shifter, éclairage full led, poignées chauffantes, Keyless... Cela en fera une machine au top, mais à grand renfort d'euros sonnants et trébuchants rapprochant au final dangereusement son tarif de celui de sa grande soeur boxer ! Tout juste pourra-t-on se réjouir de bénéficier de superbes roues à rayons croisés tubeless, ce qui fait la différence avec ses concurrentes qui sont elles dotées de roues rayonnés... mais obligeant les pneus à chambre à air !

Au final, je trouve qu'avec cette 850, BMW a fait faire un très grand progrès à sa GS... et donc sans doute à la suite de la gamme F qui devrait arriver par la suite (R, GT, XR...). Le moteur en particulier a vraiment gagné en personnalité, sans pour autant devenir un foudre de guerre. La rigueur de comportement sur route (off road non testé !) est aussi à porter à son crédit. Reste qu'elle a face à elle des concurrentes des plus solides, en particulier la Honda Africa Twin qui peut se targuer d'une cylindrée et d'un agrément moteur supérieurs ou encore d'une optionnelle boîte de vitesses DCT (magique !). Quant à la Triumph Tiger 800, elle a pour elle une finition au top et un niveau d'équipement de série supérieur à la BMW. La bataille sera rude, mais la Bavaroise ne manque pas d'arguments en sa faveur. Comme toujours, le choix sera souvent dicté par un ressenti personnel, il conviendra donc d'essayer soi-même pour se faire sa propre opinion.

5 commentaires:

  1. Merci J.M pour ce bon C.R
    Par contre, l'Akra, ils le font pas encore plus gros ?

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    1. Il n'est pas si gros que ça... en revanche il a une forme vraiment zarbi ! Et je crois que c'est la même chose sur le 1200 !

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  2. attention à l arret ,si comme moi tu ne mesures pas plus d 1m72,de sacrées frayeurs car quasi impossible à stopper si le centre de gravité s y met....

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  3. Une telle moto aurait mérité au moins un essai off road pour juger vraiment de ses qualités de trail comparées à celles de la tiger et de l'africa twin et valider ou non son moteur dans ces conditions qui ne sont pas celles attendues d'un roadster donc cet essai est sympa mais un peu juste. D'autres l'ont fait.Tu devrais essayer même modestement de sortir des ornières JM le grimpeur

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