mardi 15 juillet 2014

Essai Honda 1800 F6B

Lorsque Honda a "osé" présenter une déclinaison bagger de sa mythique Gold Wing, des mauvaises langues ont sans doute laissé libre cours à leur fiel. Les purs Wingers voyaient probablement là une atteinte à l'icône, les aficionados du "vrai" bagger ne jurant eux que par le V twin de Milwaukee et la Street Glide. Et pourtant, un essai de la Honda F6B convainc à lui seul du bien fondé de l'opération cabriolet menée sur la Gold !


Chevaucher une moto de la taille de cette F6B est toujours un moment un peu particulier. Le gabarit, même avec l'habitude des machines imposantes, est impressionnant. Longue et surtout large, la F6B est bien la digne petite soeur de la Gold Wing. Mue par le même 6 cylindres à plat de 1800 cc, la F6B a abandonné de nombreux équipements dans sa baggerisation. En premier lieu le gros top case intégré de la Gold et la selle canapé. Exit aussi la marche arrière et quelques autres broutilles qui, on le verra finalement, ne manquent guère à cette moto. Le profil de ce bagger made in Japan est du coup allégé, au moins autant que le poids sur la balance par rapport à la Gold.


En route... Démarrer le 6 cylindres d'une Gold Wing est toujours un moment de ravissement. Entendre le feulement si caractéristique est un régal sans pareil, sauf peut-être avec le L6 présent sur les BMW K1600. Contrairement au bouilleur teuton à la sonorité plus rageuse, le 6 cylindres nippon n'est que douceur et volupté, avec une sensation lissée et feutrée (presque trop pour certains). Ayant déjà eu le loisir d'essayer une Gold 1800, je ne suis pas effrayé par l'embonpoint et le volume de la F6B. Malgré tout, c'est avec prudence que je la relève de sa béquille puis m'élance, me rappelant que le moteur tracte immédiatement au lâché de l'embrayage même sans toucher à la poignée de gaz ! Quel couple de camion !

Le coeur de la F6B, ce monumental 6 cylindres à plat
De beaux tubes pour un beau son !
Je trouve immédiatement mes marques sur la machine. Les reins se calent naturellement dans le dosseret de la selle, le guidon tombe sous les mains, les pieds ne cherchent pas les repose-pieds. La selle, bien que moins travaillée que celle de la Gold Wing est un modèle de confort. Sans doute n'en est-il pas autant pour le passager, mais je considère pour ma part que la F6B est une moto d'égoïste qui ne roule qu'en solo. Au cas où, on note tout de même de très belles et efficaces poignées passager qui ornent l'arrière de la machine.

Selle particulièrement bien dessinée et confortable pour le pilote
Poignées passager bien intégrées à la ligne de la moto
Sur la route, point de surprises non plus. Dès qu'elle roule, cette grosse moto se pilote du bout des doigts. Le moteur ultra-coupleux permet d'enrouler sur le cinquième rapport quasiment quel que soit le profil du parcours, la machine s'incline au doigt et à l'oeil avec toujours quand même la réserve d'une garde au sol plus typée custom que routière. Mais attention au gros matou qui ronronne tranquillement, la moindre rotation de la poignée de gaz vos propulse avec entrain vers l'avant ! La F6B n'est pas amorphe, loin de là. Un bon pilote peut même l'emmener à un rythme soutenu qui aura de quoi faire transpirer les copains sur des machines pourtant alertes.
Sur la F6B, le pare-brise est réduit à sa plus simple expression, c'est le style bagger qui veut cela. Dès lors, il ne faut pas s'attendre à une grosse protection du haut du corps. Avec mon 1,72 m au garrot, je suis néanmoins bien préservé jusqu'aux épaules, mais passé 100 km/h, le vent vient frapper pleine figure. Pour moi, cela fait partie du plaisir de ce type d'engin, mais un usage plus grand tourisme imposera absolument le choix d'une bulle plus haute en accessoire.


Puisque l'on parle tourisme, autant évoquer la présence maintenue sur la F6B des deux belles valises intégrées présentes sur la Gold Wing. Leur contenance est plus que correcte (un gros casque y rentre sans souci) et leur intégration à la ligne de la moto parfaite. On regrette néanmoins que ces valises ne se verrouillent qu'à l'aide de la clé de contact et que ce verrouillage soit impératif pour pouvoir sortir la clé. Cela impose donc, pour pouvoir les ouvrir, de couper le contact. Petite boulette ergonomique de mon point de vue... Le seul autre rangement prévu d'origine est un vide poche sur la gauche du tableau de bord, lequel est verrouillable mais ne contiendra que peu de choses.
Le tourisme en F6B, c'est aussi profiter de la musique en roulant. Une sono-radio est donc livrée de série, les haut-parleurs étant intégrés à la large tête de fourche. Ne cherchez pas, il faudra rouler en mode cruising pour en profiter, le son devenant trop faible passé 100 km/h. La faute à l'absence des HP arrière (présents dans le top case de la Gold Wing) et aux bruits d'air dus à la bulle courte. Pas grave, c'est en mode cool que cette moto s'apprécie le plus !

Le côté gauche est un peu surchargé de boutons et commandes par rapport au côté droit...
Haut-parleur intégré et rétroviseur très efficace. Bravo
Les valises offrent une bonne contenance pour voyager

Rouler c'est bien, mais il faut aussi parfois jongler de la boite de vitesse, voire s'arrêter. Pour la boîte, pas de souci c'est du beurre. Sur mon modèle d'essai, j'ai même trouvé les changements de rapports plus onctueux que sur la Gold Wing que j'avais testée l'an dernier. La transmission est aussi un modèle de transparence, le cardan ne délivrant pas le moindre à coup. Quant au freinage, il est bien dimensionné pour stopper un engin de ce gabarit. Je n'ai pas eu le loisir de tester son endurance, par exemple dans une descente rapide de col alpin, mais bon... En tous cas, le feeeling au levier et à la pédale est agréable et efficace.

Bilan : pas de surprise, de mon point de vue cette machine est une réussite et mérite amplement d'exister dans la gamme aux côtés de la Gold Wing. Elle est un régal à piloter, même s'il est probable que les amateurs du genre la trouveront probablement trop aseptisée par rapport aux équivalents Harley Davidson. Elle est en revanche bien plus rigoureuse au niveau comportement routier. On regrettera juste quelques petites mesquineries d'équipement compte tenu du tarif élevé. Pour qui roule majoritairement en duo, autant rester sur une Gold Wing. Mais pour le soliste amateur de look typé et souhaitant une machine un peu plus légère et qui puisse se piloter un peu plus "sportivement", alors la F6B s'impose d'elle-même !

3 commentaires:

  1. Bien, bien, bel essai, beau CR, comme d'hab quoi ! ;-)
    Attention, tu t'embourgeoises, la K1600 te donnes des références quasi luxueuses...non ?
    Et la F6C dans tout cela ?

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  2. Pas de F6C à l'essai dans le coin, dommage !

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  3. tip top....mais perso, rien ne remplace la Gold!

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