dimanche 25 mars 2018

Essai BMW K 1600 Grand America

Déjà l'arrivée en 2017 de la version bagger K 1600 B avait pu surprendre les aficionados du 6 cylindres bavarois à moto, mais sa déclinaison Grand America pour 2018 les laisse souvent encore plus dubitatif par ses caractéristiques... Alors, cette Grand Am' est-elle à la hauteur de ses soeurs GT, GTL et B ?

N'y allons pas par quatre chemins : la Grand America n'est ni plus ni moins qu'une K 1600 B avec un top case. Pour le reste, on retrouve tout de la spécificité de la B : longs silencieux d'échappement chromés et biseautés, plate-formes repose-pieds avancées masquant les pare-chutes, sellerie spécifique large et très confortable, bagagerie elle aussi spécifique et fixe car intégrant tous les feux, guidon à section ronde, traitement noir du moteur. Les seules différences visibles sont le logo B qui a disparu de la selle passager, sans doute réservé au bagger, et la bulle plus haute pour répondre à une vision plus touring au long cours de cette machine.

Au delà de la comparaison avec le K 1600 B, on peut pousser plus loin et affirmer que le Grand America n'est ni plus moins qu'un K 1600 ! Même sous ses nouveaux atouts, il s'agit avant tout de cette exceptionnelle moto qui se cache dessous : partie cycle redoutable de qualité et d'efficacité, parvenant à rendre cette "baleine" de 350 kilos presque aussi agile qu'un roadster dès qu'elle roule, combiné Duolever à l'avant Paralever à l'arrière assurant un guidage parfait et un confort de suspension de premier ordre, freinage juste ahurissant de puissance, mais surtout ce moteur 6 cylindres qui est avant tout pourquoi on craque pour un K 1600. Tout a déjà été dit sur ce bloc qu a enfin pu retrouver ses lettres de noblesse quand il a été livré en full 160 cv à partir de 2016 et qui s'apprécie encore plus depuis 2017 et l'arrivée du shifter qui a enfin rendu l'ensemble boîte-transmission finale ultra-rapide et transparente. Un pur régal !



Une fois toutes ces données prises en compte, un possesseur de K 1600 ne sera donc pas beaucoup dépaysé en montant sur un Grand America et en roulant avec. Même impression de lourdeur tant que la machine ne roule pas, laquelle s'estompe avant même que le second rapport ne soit passé. Même sensation de disposer d'un élastique géant au niveau moteur, capable de rouler au en 6ème sur le régime de ralenti puis de vous catapulter juste en tournant la poignée de droite. Même confort global au roulage : selle pullman qui permet d'envisager 1.000 km de roulage dans une journée sans arriver les fesses meurtries, position de conduite droite avec pieds à l'aplomb des genoux et assez bas, excellente protections grâce au carénage quasi intégral et à la bulle réglable électriquement. À noter que les déflecteurs situés sur le haut du carénage (également disponible sur GTL et B), sous les rétroviseurs, font un excellent office en déviant fort bien l'air des mains et même des épaules. Le tableau de bord avec compteurs à aiguilles assorti d'un double pavé digital central est de mon point de vue un modèle de facilité de lecture et de quantité d'informations. Certes, il faut un peu jouer des boutons sur les commodos et de la molette magique au pouce gauche, mais une fois l'habitude prise (ce qui est rapide), on navigue dans les menus sans avoir à quitter la route des yeux. Le système audio (optionnel) permettra de cruiser en musique, mais dès que le rythme augmentera, les haut-parleurs trop faiblards déclarent forfait. Mais c'est alors la musique rageuse du 6 cylindres qui prendra le relais pour notre plus grand bonheur !



Mais alors, si tout est pareil que sur les autres K 1600, pour cette version ? Bin en fait, c'est tout pareil... mais pas complètement ! Tout d'abord, il y a ce coloris bi-ton noir-doré. Moi j'adore... C'est relevé par quelques touches de chrome (flancs de carénage, garde-boue avant, supports de bulle, silencieux d'échappement) pour que ça brille bien... et sans doute aussi (surtout ?) pour que ça plaise à nos amis motards américains, cible essentielle de cette moto. Car oui, cette moto est bien sûr pensée pour aller gratter du client chez Harley Davidson et Indian, et même Honda et sa Gold Wing, sur le gros marché moto d'outre-Atlantique. Disons qu'avec son nom, son look et ses spécificités, le Grand America annonce clairement la couleur.
Autre caractéristique unique au sein de la gamme, le top case. Celui-ci prend une forme plus profilé et, disons-le, esthétique que ceux des GT/GTL. Mais évidemment, il perd un peu en fonctionnalité ce qu'il a gagné en esthétisme. Ainsi, si l'on peut envisager d'y rentrer deux casques, cela ne sera possible qu'en les plaçant sur leur côté. Sinon, impossible de fermer le capot du top case, bien moins haut ! Et ne rêvez pas, aucune des deux valises latérale ne pourra contenir un casque récalcitrant ! Tout juste pourront-elles emporter vos bagages, mais de toutes façons en moindre quantité que celles d'une version GT/GTL.


Pour le public visé, je dirais que seuls certains en GTL pourraient s'intéresser à ce Grand America. En forçant le trait, ceux en 16 B cherchent ce look spécifique du bagger, ceux en 16 GT sont des rouleurs plus affûtés. La version GTL est la plus proche d'esprit du Grand America. Mais quelques points font une différence notable entre les deux versions qui fait qu'il est peu probable que les amateurs de GTL passent sur Grand Am et inversement. D'abord la sellerie : celle du Grand America est plate et permet de se sentir posé [b]sur[/b] la moto, celle de la GTL est creuse et donne la sensation d'être [b]dans[/b] la moto. Pour ma part, je préfère la première des deux, mais c'est très personnel.

Une selle large et vraiment très ttrès confortable au long cours
Second point, abordé juste plus haut, la bagagerie : celle du Grand America est un peu le cul entre deux chaises, avec un set complet top case/valises, mais dont les formes et volumes ne permettent pas d'en emmener autant que celui d'une GTL. Pourtant, on peut imaginer que, autant le K 1600 B est une machine d'égoïste roulant seul, autant le Grand America serait fait pour voyager à deux. Alors oui, à deux... mais avec pas trop de bagages !
Troisièmement, petite lacune d'équipement qui fera rager ceux qui voyagent partout, y compris à des endroits où il faut assurer des béquillages stables, le Grand America ne dispose pas de série d'une ... béquille centrale !!! Dommage.
Enfin, il faut savoir que la vitesse de pointe de cette moto est bridée à un peu plus de 160 km/h (100 mph). Alors certes, ça ne sert à rien en France d'avoir plus puisque le maxi autorisé est 130. Mais connaissant le motard français brimé par le bridage à 100 cv pendant des décennies, on peut parier que celui de cette BMW le fera tiquer !

Les déflecteurs placés sous les rétroviseurs font un excellent travail


Du chrome sur les flancs de carénage et le garde-boue avant, pour une touche à la custom made in USA

La commande de chauffage de la selle passager est intégrée dans la valise droite
Quelle conclusion de mon point de vue : j'ai un regret réel pour cette machine, c'est que son top case ne soit pas amovible. Pour moi, il s'agit d'une erreur majeure de BMW de se priver de la possible transformation de ce tourer en bagger, ce qui permettrait d'avoir deux motos en une... mais aussi de proposer sans réellement le faire une version couleur de la 16 B qui n'existe à ce jour qu'en noir.
Esthétiquement, elle ne laisse en tous cas pas indifférent, en tous cas dans ce coloris doré qui claque fort. Durant mon essai, j'ai eu des signes positifs de motards et de passant comme rarement j'en ai connus à moto !
Retrouvant tout l'ADN d'un K1600 dans cette version Grand America, je n'ai pu qu'apprécier cette moto : agrément de conduite, confort, puissance, protection... pas de doute elle tient son rang dans la famille. Et c'est bien là l'essentiel !

Encore merci à toute l'équipe de Moto Speeder, concession BMW Motorrad à Grenoble (St Martin d'Hères) pour le prêt et l'essai de cette moto.

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