samedi 19 mai 2018

Essai Harley Davidson Iron 883

Pour qui s'intéresse passionnément à la moto comme moi, éluder Harley Davidson n'est pas une possibilité raisonnable. On peut ne pas apprécier les customs ou tout le "cirque" qui va autour de la marque de Milwaukee, mais on est obligé de reconnaître que ces motos sont une part historique et importante du monde motocycliste. Parmi les modèles iconiques d'Harley, le Sportster tient pour moi une place de choix. D'abord parce que cette machine existe depuis plus de 60 ans, ensuite parce qu'il constitue souvent la porte d'entrée dans l'univers de la marque américaine. C'est pourquoi j'ai toujours voulu voir et surtout ressentir de quoi cette moto était faite. Et tant qu'à faire, j'ai choisi de le faire sur la "petite" 883, la "vraie" petite HD selon moi.

Cet essai aura sonné comme un rappel. Un rappel aux fondamentaux de ce qu'est en réalité rouler en motocyclette : des sensations simples.

J'avais oublié qu'on pouvait rouler sur une moto dotée d'une équipement chiche et juste basique : un compteur de vitesse, une selle monoplace, une boite 5 rapports, un cadre, deux roues, un guidon et roule ma poule ! Et vous savez quoi ? Hé bien j'ai adoré cette simplicité à 1000 lieues des suspensions gérées électroniquement, des modes de cartographie moteur, des bulles électriques, des shifter, des GPS...

J'avais oublié qu'on pouvait rouler sur une moto dont la puissance permet d'accélérer tout juste comme une berline de moderne... et qu'on s'en fout complètement, on roule dans le flux juste en profitant de l'instant sans chercher systématiquement le moindre interstice pour faire un dépassement fulgurant. On se laisse bercer par le faux rythme, et c'est fort bien ainsi.

J'avais oublié qu'on peut rouler sur une moto sans aucune protection de type bulle et carénage... et qu'on en est bien content parce qu'on prend de l'air plein la tronche et qu'on n'a du coup pas besoin de vionzer à Mach 2 pour avoir la sensation de vivre sur sa moto. C'est sûr qu'à la première goutte de pluie qui tombera, elle nous mouillera sur une Iron... Et alors ?

J'avais oublié qu'on pouvait rouler sur une moto qui ne peut guère prendre d'angle... et qu'on s'en cogne royalement, puisqu'il suffit de prendre son virage plus doucement pour que ça passe tranquille, ou de faire gentiment frotter le cale-pied de temps en temps quand on veut jouer !

J'avais oublié qu'on peut rouler sur une moto qui ne freine vraiment que si on se sert du levier ET de la pédale... mais qu'on n'en a rien à battre puisque le frein moteur du V twin est énorme et qu'on cruise à des allures où il n'y a guère besoin de planter des freinages de trappeur. En fait, on peut même quasiment se contenter de freiner au pied...

J'avais oublié qu'on peut rouler sur une moto dont la boîte de vitesses à plus à voir avec Berliet qu'avec quelque chose de moderne... mais que la lenteur de la sélection et les énormes "klonk" à chaque passage de rapport te rappellent que tu roules sur un véritable engin mécanique !

J'avais oublié que tu peux rouler sur une moto sans indication du rapport engagé... et qu'en fait ça ne te manque jamais de ne pas savoir puisque le gros couple (même sur ce "petit 883) te permet d'enrouler paisiblement que tu sois en 3, en 4 ou même en 5. Et comme tu ne tartes pas le bitume en mode couteau entre les dents, bin même si t'es pas vraiment sur le bon rapport au bon moment, ça n'a finalement aucune incidence !

J'avais oublié sans doute même l'essence de la route à moto et cette Iron 883 me l'a rappelé de la plus belle des manières. Rien que pour cela, je l'ai adorée ! Et puis, en fait, la coquine cache un peu son jeu quand même car, de la modernité, elle en a avec son ABS intégré dans la roue, son transpondeur qui permet de garder sa clé dans la poche, son petit ordi de bord planqué dans une mini-fenêtre digitale en bas du bloc compteur... juste parmi quelques exemples. Bref, cette Iron ne va pas très vite, ne s'incline pas beaucoup en virage, vibre jusque dans les repose-pieds à vous en décoler les plombages, ne vous protège pas sous la drache, ne s'accomode ni d'un passager ni du combo valoches/top case pour partir en week-end... mais elle offre bien plus : le sentiment véritable de rouler à moto ! Alors moi, je dis merci et bravo... 

Merci à Harley Davidson Grenoble pour cet essai impromptu !














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