dimanche 6 mai 2018

Essai Honda Gold Wing 1800 Touring DCT

Après être passé en "repérage" voir cette nouvelle Gold Wing en concession il y a deux semaines et comme les sympathiques membres de la concession Honda Altitude Moto me l'avaient proposé, je me suis rendu cet aprem sur place pour essayer cette moto. La version disponible est la plus haut de gamme, la Touring DCT qui, comme son nom l'indique, dispose de la fabuleuse boîte robotisée DCT... en plus de tout une flopée d'équipements divers et variés ! Cette Gold Wing est-elle la digne héritière de sa longue lignée ? On va voir ça...



Commençons par poser le contexte : depuis le dernier lifting de la version précédente en 2012, la Honda Gold Wing 1800 n'avait plus évolué. Et comme ce facelift n'avait en rien modifié en profondeur cette moto sortie en 2001, force est de reconnaître que, malgré toutes ses réelles qualités intrinsèques, le poids des ans se faisait vraiment sentir, surtout en comparaison d'une concurrence  bien plus moderne, en particulier celle de la BMW K 1600 sortie en 2011 et déjà améliorée en 2017 ! Autant dire que cette Gold Wing 2018 était attendue ! 
La nouvelle gamme se compose de trois modèles :
- la Gold Wing, qui est la remplaçante de la F6B, le bagger
- la Gold Wing Touring
- la Gold Wing Touring DCT, qui adopte (enfin !) la boite DCT et offre le must en matière d'équipement (airbag, GPS...).

C'est cette dernière version qu'il m'est offert de tester et, aux dires du personnel Honda, c'est quasiment la seule qui se vend vraiment chez nous. La première impression en voyant cette nouvelle moto, c'est la cure d'amaigrissement qu'elle a subi par rapport à sa devancière. Clairement, la Gold Wing 2018 a dû perdre 50 kg... et ça se voit ! Sans être fluette (on parle quand même d'une machine de 380 kg), le gabarit est désormais celui d'une grosse moto GT "normale" et ça, ça change. Bien sûr, cela a une influence notable sur de nombreux points que je vais développer plus loin. Mais au moins, la Gold Wing 2018 devient plus normale et donc envisageable pour un motard standard.




Après une nécessaire explication au moins sommaire des fonctionnalités de base de cette moto très technologique, je peux enfin m'élancer. Autant la Gold Wing précédente pouvait être vraiment intimidante par son gabarit (au delà du poids), autant cette nouvelle mouture rentre dans le rang et n'effraiera pas le pilote qui aura déjà eu l'occasion de conduire des grosses motos. Surtout, la Gold Wing conserve cet énorme avantage d'avoir un centre de gravité très bas placé grâce à son architecture moteur unique, à savoir un 6 cylindres à plat. La position de conduite a, il me semble, elle aussi bien évolué et on est désormais plus assis [i]sur[/i] la moto que [i]dans[/i] la moto. Les repose-pieds sont placés légèrement en avant, accentuant cette sensation d'être assis comme sur un fauteuil roulant. À titre personnel, j'ai trouvé cette position parfaite pour le programme de cette machine.
Le passager est également choyé et même si l'aspect de l'assise arrière est moins canapesque qu'avant, le confort d'assise et de dosseret ainsi que le maintien sont visiblement toujours au top. Les platines repose-pieds sont larges et bien placés et en cas de roulage solo, elle se replient en s'intégrant esthétiquement parfaitement. Du beau travail signé Honda dans le détail.





Les premiers kilomètres sont effectués en environnement urbain et permettent d'emblée d'apprécier l'exceptionnel équilibre de cette moto qui permet de rouler à faible vitesse sans avoir à forcer son pilotage. mais surtout, cela permet d'affirmer que la boîte de vitesses robotisée DCT prend plus que jamais tout son sens sur cette moto. Dotée de 7 rapports sur cette Gold Wing, cette DCT permet de tirer le meilleur du 6 cylindres tout en offrant un agrément et une tranquillité de conduite exceptionnels. J'ai toujours été fan de cette transmission (dont je bénéficiais sur mes ex Crosstourer et Integra) et pour moi, la nouvelle Gold Wing n'a vraiment de sens qu'avec cette boîte. Puisque l'on parle de cette boîte, rentrons un peu plus dans le détail. Ses lois de passages de rapports sont dictées par le choix du mode de conduite (Eco, Rain, Tour, Sport), lequel mode agit également sur les lois de suspensions. Mais la DCT est également auto-adaptative et, au sein d'un mode choisi, elle se calera régulièrement sur vos habitudes de conduite. Les deux boutons + et - au commodo gauche permettent toujours de garder la main même en mode automatique pour monter ou descendre un rapport à l'envi. Enfin, la Gold Wing conserve une DCT avec un mode manuel qui pourra être apprécié pour choisir toujours au mieux le meilleur rapport souhaité sur les routes plus sinueuses ou chaotiques.


L'amincissement drastique de la Gold Wing 2018 par rapport à sa devancière a des conséquences non négligeables : le gain en maniabilité est remarquable et, en association avec une partie cycle irréprochable, la moto est devenue beaucoup plus facile à mettre sur l'angle et à passer d'un angle à l'autre. C'est bluffant, mais, malgré tout, on n'atteint pas encore le niveau de dynamisme et de facilité d'une BMW K 1600, la Gold Wing étant plus pataude sur ce point. Autre conséquence, plus agaçante aux yeux des aficionados de l'ancienne Gold Wing 1800, la protection est en retrait. Certes, on reste quand même dans ce qui se fait de mieux en la matière et, pour tout dire, j'ai eu chaud sur la moto malgré "seulement" 27° et un équipement aéré ! Mais cette nouvelle Gold met moins son pilote à l'abri que l'ancienne, en particulier pour ce qui concerne le bas des jambes. Pour le haut du corps c'est mieux et surtout la Gold bénéficie enfin... d'une bulle réglable électriquement ! 25 ans d'attente pour y arriver, bravo Honda !
Dernier point, mais pas le moins fâcheux, de cette réduction de volume de la moto : la bagagerie. Autant le dire sans détour, celle de la nouvelle Gold Wing ne fait pas du tout le job ! C'est le plus gros point de déception de mon essai. Vraiment, à quoi ont pensé les ingénieurs japonais en développant cette Gold Wing Touring ? On parle d'une moto typée GT, normalement conçue pour voyager loin, longtemps et à deux. Si le top case, bien que moins volumineux que l'ancien, permet encore d'accueillir deux casques de taille moyenne (mais pas deux gros modulables, c'est certain), les valises latérales sont petites, peu logeables, biscornues à l'intérieur et avec une entrée étroite. On en pourra pas y rentrer le moindre casque (même un petit jet) et y fourrer ses sacs bagages sera une gageure.... Là vraiment, il y a faute majeure !






Heureusement, ce désagrément oublié, la Gold Wing donne le sourire à celui qui roule dessus pour bien d'autres raisons. Tout d'abord une partie cycle vraiment exceptionnelle. Le cadre, d'abord, mais tout ce qui va avec aussi. Le train avant est totalement nouveau et reprend à son compte en l'adaptant à sa sauce le concept du Duolever disponible encore seulement chez BMW sur... le K 1600, encore lui ! L'efficacité du dispositif en termes d'absorption des irrégularités du bitume, de conduite de trajectoire et de maintien d'assiette au freinage est parfait. Cela se paie par un feeling moindre de la route, mais ce n'est de mon point de vue jamais gênant sur ce type de moto. L'amortissement arrière est très bien accordé à l'avant et confère du confort et une belle homogénéité à l'ensemble de la Gold Wing Touring. Le freinage aussi a fait des progrès remarquables, vous me direz qu'avec 50 kg de moins à arrêter c'est normal ! Que ce soit au levier ou à la pédale, l'effet est immédiat, bien progressif et efficace. Là encore, je ne peux pas m'empêcher de comparer avec le K 1600 : c'est bien moins mordant, moins puissant également, mais plus "smooth" et en tous cas bien accordé à la façon dont on roule avec une Gold.
Et puis ce moteur... Ce 6 cylindres est toujours aussi merveilleux de rondeur, de moelleux, avec cette sonorité unique. Il n'a pas la niaque ni la rage du 6 en ligne de BMW, mais son agrément est ailleurs, dans une souplesse unique. Et mieux encore, associé à la boîte DCT, il permet de se faire plaisir même en musardant à des vitesses "Sécurité Routière compatible".


La Gold Wing tient aussi sa réputation de vaisseau amiral de la route grâce à ses équipements pléthoriques. La version Touring DCT ne dément pas de ce point de vue, ce qui est bien le moins que l'on puisse attendre d'une moto qui coûte le prix d'une belle voiture (36.000 € !). La Gold est donc toujours l'unique machine à proposer un airbag dans sa dotation, par exemple. Le tableau de bord mixe avec réussite les compteur et compte-tours à aiguilles et quelques display qui fournissent des dizaines d'informations sur la moto, sa conduite et la gestion des périphériques. Mais surtout, il dispose un vaste écran digital en son centre qui permet, entre autres, d'afficher un GPS totalement intégré. Point fort de cette solution, le GPS n'est pas une pièce rapportée sur la moto et donc un appel aux voleurs et il est placé idéalement. Par ailleurs, il se pilote entièrement depuis les commodos et sa luminosité, même avec un éclairage direct du soleil sur l'écran, reste parfaite. Sur ce coup c'est à la concurrence, BMW en tête, d'en prendre de la graine ! Enfin, parmi les "gadgets" qui ne le sont pas tant que cela, j'ai apprécié le [i]mode manoeuvre[/i] de cette Gold qui gère la boîte DCT pour reculer ou avancer à très basse vitesse, juste en appuyant sur les boutons + et - de la boîte mise en position grâce à un bouton dédié au commodo gauche.





Quel bilan tirer de cet essai ? Tout d'abord, si l'on juge de manière globale, cette nouvelle Gold Wing est une superbe moto particulièrement réussi sur bien des points, à la pointe de la technologie, aspect sur lequel elle reprend le leadership face à BMW de mon point de vue. Malgré tout, elle est en grande rupture avec la précédente génération de Gold Wing et de ce fait ne conviendra probablement pas aux Wingers traditionnalistes du fait de sa protection en baisse, de sa bagagerie vraiment pas adaptée au Grand Tourisme à deux mais aussi soin esthétique moins "bonhomme" qu'avant. En revanche, il est à parier qu'elle pourra convaincre certains nouveaux clients que le gabarit et le manque de technologie de l'ex version rebutait. Dommage que le tarif ait encore énormément augmenté, même si ce qu'elle offre (en particulier le combo boîte DCT, airbag) est unique en son genre.



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