dimanche 1 mai 2022

Essai Royal Enfield Classic 350

 Chez Royal Enfield, la Bullet Classic est une institution. Il s'en est probablement vendu quelques centaines de milliers depuis qu'elle existe, essentiellement en Inde bien sûr.Mais elle avait ses inconditionnels aficionados même sur les marchés européens, et spécialement en France. Je dit "avait", parce que, malheureusement, les normes castratrices sont passées par là et que la non-conformité Euro 5 de ce modèle l'a voué à disparaître chez nous. Mais le constructeur indien ne pouvait s'y résoudre et a donc profité du développement de sa nouvelle Meteor 350  pour recréer une nouvelle Classic sur la même base. Alors, cette 350 vaut-elle la Bullet 500 Classic que j'avais testée il y a quatre ans ? Les puristes crieront sans doute au scandale, mais j'aurais tendance à dire que oui !


Posons pour commencer les fondamentaux de ce qu'est une Classic : un moteur monocylindre peu puissant mais coupleux, un pot saucisson sur la droite, une belle selle large avec un pouf passager amovible pour passer la moto en monoplace plus esthétique, un joli phare rond, des roues à rayons, un petit compteur basique et... roule ma poule ! Car bien bien là l'essence même de la motocyclette : la simplicité. Ici, la place concédée à l'électronique est la plus limitée possible : un ECU, un ABS, une injection. Pour le reste, juste de la simplissime mécanique. Mais même en étant simple, la 350 montre d'emblée sa modernité face à l'ancienne 500. Si la sonorité s'en rapproche sensiblement, la souplesse d'usage et la très nette baisse des vibrations en sont le symptôme principal. Les adorateurs de feue la 500 seront sans doute déçus du second point qui était, il est vrai, une partie de l'âme de cette moto. Autre fait notable, la boîte de vitesses fait elle aussi preuve d'une grande souplesse d'utilisation, sans craquement ni aucun faux point mort. Du très bon travail.

Avec 20,2 chevaux (notez bien le ,2 !), la Classic 350 délivre une puissance assez limitée et assez proche des 15 chevaux d'une "vulgaire" 125. Certes, mais là où elle fait la différence c'est sur le couple qui est lui bien supérieur et utile ! À rouler, la Classic 350 est donc convaincante sur les reprises, là où une 125 s'essoufflerait.Rien ne sert d'essayer de lui faire prendre trop de tours, la messe est dite à 4.000. On enroulera donc paisiblement d'autant que malgré son unique cylindre, cette moto ne rechigne pas à descendre bas sans cogner. Comme je l'expliquais dans mon essai de la Bullet 500, on roule avec ces motos pour le plaisir du deux roues, pas pour la performance. Et à ce jeu-là, le rapport prix-plaisir est largement valable.

Côté position de conduite, les connaisseurs de Bullet ne seront pas dépaysés. On est toujours assis comme sur une chaise, le guidon tombe sous les mains totalement naturellement et les pieds se logent pile là où on pensait les mettre. Le petit bloc compteur a évolué vers la modernité et comporte désormais un petit pavé numérique qui permet de disposer de quelques infos basiques : un kilométrage total, deux trips, une horloge... et même, révolution, une jauge d'essence ! Le confort général est la très bonne moyenne, à la fois grâce à des suspensions plutôt souple, mais aussi toujours grâce aux ressorts sous la selle. C'est peut-être archaïque, mais efficace. Avec seulement 195 kilos sur la balance et une hauteur de selle très raisonnable, elle dispose d'arguments imparables pour la rendre accessible à tous. C'est d'autant plus vrai qu'avec un prix de base juste sous les 5.000 €, un coût d'entretien assez contenu et une assurance allant de pair, elle constitue possiblement un très bon choix pour le motard débutant... ou une seconde moto !

Pour conclure, je dirai donc : la Classic 500 est morte, vive la Classic 350 ! Aux yeux des spécialistes de la marque, ce ne sera sans doute pas la même musique. Mais la pérennité d'un constructeur réside dans les nouveaux clients et avec cette moto Royal Enfield dispose d'une sacrée petite machine pour cela. La 500 m'avait donné du rêve pas son authenticité, sa remplaçante en a fait autant avec touche d'agréable modernité qui compense la perte de rusticité, le tout, en ayant réussi à contenir le budget. Moi je dis bravo, tout simplement.

Merci au personnel de la concession Dauphibike de Grenoble pour son accueil chaleureux et passionné et surtout pour le prêt impromptu de cette moto.

 











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