Essai de la Honda CTX 1300

Bien qu'étant passé sur un trail routier, je garde au fond de moi l'âme d'un "biker", fan de custom. Au delà même de cela, je reste fan des machines atypiques. Avec ce nouveau cruiser/bagger qu'est le CTX 1300, Honda fait encore une fois preuve d'audace. Je ne pouvais pas ne pas me laisser tenter par un essai de cette machine.

En présentant cette année le CTX 1300, Honda a complété de belle manière ce qui est désormais une gamme complète de bagger. A mi-chemin entre la "petite" CTX 700 (dotée, elle, de la superbe boite DCT) et la "grande" F6B à la sculpturale mécanique six cylindres issues de la Gold Wing, cette CTX 1300 tire sa base de l'éprouvée Pan European, une sacrée référence.

Esthétiquement, on aime ou pas le style, mais en choisissant de mêler classicisme du bagger et modernité de traitement avec des lignes plus tendues et moins custom, cette CTX est plutôt réussie. Dans ce coloris rouge magnifique, je trouve même qu'elle claque carrément ! Habituellement caché sous le carénage de la Pan Euro, le V4 exhibe ici pleinement au grand jour ses deux superbes culasses. La tête de fourche est large et bien protectrice. La mini-bulle est vraiment mini, les adeptes du cruising autoroutiers opteront avec justesse pour l'optionnelle bulle haute qui les protègera mieux dès les vitesses à trois chiffres atteintes.

Le V4 est largement mis en valeur et le mérite !

La présentation générale ne fait pas dans l'esbrouffe. Le tableau de bord est assez complet, mais très classique avec ses deux compteurs ronds entourant un pavé numérique. Au moins, la lisibilité est parfaite. Dommage que manque à l'appel un indicateur de rapport engagé... Sur le réservoir, on trouve deux petits rangements (un téléphone mobile peut y trouver place) et les commandes de la sono (entres autres). L'ensemble est traité avec soin et la finition est un point fort de cette moto.
Je m'assois sur la machine et apprécie tout de suite l'excellent confort de la selle. Le dosseret de celle-ci est néanmoins placé trop en arrière pour ma taille et je n'en profite donc pas. mais au moins cela augure-t-il d'une réelle place à bord pour les grands gabarits. L'immense guidon tombe naturellement sous les mains et la position, bien que pieds légèrement en avant, n'est pas trop typé custom. On se sent immédiatement à l'aise, comme si on avait déjà fait des milliers de kilomètres à bord... comme sur la quasi totalité des Honda, quoi !

Deux petits vide-poches prennent place sur le réservoir

Le tableau de bord complet est entouré des deux enceintes de la sono

Contact... Le V4 sert son caractéristique feulement. Ca chante bien mais assez discrètement (trop ?). Plus tard, en prenant un peu de tours, ça sera mieux... Première et gaz en douceur. Les rapports montent (et descendent) dans une douceur incroyable, la transmission ne donne pas le moindre à coup, tout à bord ne semble que calme et volupté. Sorti de la ville, les premiers virages s'enquillent sans ciller, la moto se mettant gentiment sur l'angle malgré ses trois quintaux et demi et son pneu arrière de 200 mm de large. Certes, on n'est pas au guidon d'un roadster, mais la moto s'emmène sans effort particulier. La stabilité en courbe est irréprochable, tout comme le freinage en cas de besoin. Très souple, le V4 de 1300 cc accepte sans rechigner d'enrouler au couple à bas régime puis de reprendre sans hoqueter ou cogner. Il a laissé des chevaux par rapport à la Pan Euro (il fait ici seulement 84 cv) et est bien moins rageur que le V4 1200 des VFR, mais il colle, dans cette configuration, parfaitement à l'esprit de cette moto. On ne se fera pas allonger les bras, mais il y a déjà largement de quoi emmener sereinement un équipage en duo avec les bagages sans devoir aller "piocher" dans les tours pour avancer. Une réussite.

La bulle très basse ne procure qu'une protection minimale du haut du corps

Lors de l'arrêt photos, je m'attarde un peu sur quelques détails. Vraiment, la finition est soignée, cela fait plaisir à voir. Les valises sont bien intégrées à la ligne de la machine... mais ne contiendront pas un casque ! Les jantes sont superbes, il est même dommage que l'on ne voit pas mieux la roue arrière.

Je reprends la route pour ramener la moto à la concession. Sur un parcours un peu plus tournicotant, je prends la mesure de la limite de garde au sol de l'engin qui ne tolèrera guère d'être emmené virilement sous peine d'usiner rapidement les repose-pieds ! Revenu en vallée, je profite d'un petit bout d'autoroute pour jauger la protection. Si cela va bien pour le bas du corps avec les jambes abritées derrière les culasses, le haut du corps se fait plus secouer... mais c'est encore une fois l'esprit cruising de cette machine. En tous cas, en enroulant à ces vitesses de croisière sarko-compatibles, le ronronnement du V4 est un régal.

Belle jante et système de freinage efficace

Les valises ont une contenance honnête de 35 litres... mais pas suffisante pour y loger un casque !

Le très beau feu arrière à Leds

Au final, cette machine me parait être vraiment bien née. Son moteur et sa transmission parfaits pour leur programme (même si une boite DCT serait encore mieux à sa place), sa belle finition et son esthétique réussie, son efficacité routière en font une digne Honda. Son équipement est bien fourni, mais pour son tarif malgré tout élevé, je pense que manquent néanmoins à l'appel les poignées chauffantes et le régulateur de vitesse. J'attends avec impatience la possibilité d'essayer la F6B pour établir la comparaison... même si je subodore que ma préférence ira au flat 6 !