mardi 14 mai 2013

Essai de la Honda Gold Wing 1800

Ce WE, en remontant de notre virée à Venasque, sur l'autoroute farcie de bouchons, nous nous sommes fait remontés par une foule de Gold Wing qui rentraient de leur rasso annuel de Brignoles. Au bout d'un moment, Delphine me dit que sur cette moto, elle voudrait bien monter et que pour trimballer junior ce serait mieux que mon pov' scooter Sprint ou mon 1800 !
Ni une ni deux, et comme je me suis mis en tête de ne pas mourir idiot, j'ai donc procédé à l'essai d'un de ces vaisseaux de la route appelés Gold Wing. Je connaissais déjà un peu l'engin pour m'être fait trimballé sur celui de mon pote, un modèle Airbag/GPS blanc de 2010, acheté à vil prix en Angleterre... Autant le dire tout de suite, j'ai pris une énorme claque aux préjugés que je pouvais avoir avant cet essai. Et pour résumer en un seul mot cette moto : WOOOOOWWWWWWWWW !

J'ai fait un parcours varié en passant par de la ville, des la route à virolos plus ou moins serrés, de l'autoroute allemande, de la rocade encombrée en interfile... bref, tout le panel de la circulation habituelle du motard quotidien, et surtout un itinéraire parfait pour juger un moto en toutes circonstances.

C'est donc sur un modèle 2013 d'à peine plus de 1.000 km au compteur que je vais faire mon viron d'essai. Malgré ma grande habitude de grosses motos et des engins de plus de 300 kg, je ne vous cache pas que prendre le guidon de ce mastodonte de 420 kg et d'un volume incroyable ne se fait pas sans une appréhension certaine. Je suis malgré tout rassuré par la personne qui vient d'essayer la moto (possesseur d'une Gold 1500), un autre propriétaire de 1800 présent pour la révision de sa moto et bien sûr le conces' qui me disent tous de ne pas m'en faire, que c'est une moto facile... Mouais, quand j'enclenche la première devant tout ce public et que je lâche l'embrayage pour me lancer et faire illico un bon virage à 90° à 5 km/h, j'ai comme un doute !





50 mètres et premier feu rouge. Je m'arrête sans encombre, parvenant à poser quasiment les deux pieds à plat au sol malgré la (très) large selle. Chaque démarrage d'un feu est un régal, le 6 cylindres chante joliment sa mélodie. La boite est douce, l'embrayage pas viril, mais les rapports claquent quand même plus fort que je ne l'aurais pensé. En revanche, la transmission par cardan est un modèle de douceur. Associé à ce fabuleux moteur qui reprend sur tous les rapports dès 800 tr/min, aucun à coup ne vient perturber le roulage. Tout bonnement incroyable, un vrai tapis volant.

Cette sensation de douceur et de voler au dessus de la route est complétée par un moteur très linéaire qui, s'il sait prendre des tours et donner de la voix passé 4.000 tr, pousse toujours, toujours, toujours. La sensation est celle d'une main géante qui vous pousse gentiment mais très fermement dans le dos ! Par ailleurs, l'amortissement est un régal, l'anti-plongée de la fourche remplit bien son office au freinage et l'ensemble de la moto peut être qualifié de "onctueux".

Me voici rendu dans la montée d'Uriage et ses grandes courbes dont certains ont tendance à se refermer fourbement. C'est ici que je prends réellement conscience de la facilité de prise en main de cette moto. La mise sur l'angle est hyper aisée, la conduite de la courbe impériale grâce à une tenue de cap de type "rail". Les enchaînements de pif-paf ne posent pas le moindre problème, la moto se balançant comme un gros roadster avec une facilité déconcertante. Je suis sous le choc, complètement bluffé par cette extrême facilité à piloter ce paquebot de plus de 400 kg ! A côté, mon 1800, pourtant 70 kg plus léger, est un vrai char à emmener dans les virages. Hallucinant, je n'en suis toujours pas revenu alors que j'écris ces lignes.



Après avoir traversé Uriage, je file vers la droite vers Tavernolles par un route plus roulante où je peux mettre plus de gaz. Et croyez moi, malgré des sensations gommées par le confort, quand on visse la poignée ça pousse assez fort. Bien sûr, ce n'est pas une hyper sport qui vous colle les yeux au fond des orbites, mais ça avance déjà très très bien, le tout dans le son envoûtant du six à plat. Rt quand il faut ralentir voire s'arrêter, allez vous me dire ! Comment se stoppe cette péniche d'une demi-tonne avec son pilote ? Hé bien aussi aisément que de le dire : freinage ABS combiné à la poignée et à la pédale, ça freine bien, même très bien avec un système anti-plongée qui fait conserver son assiette à la moto pour une assurance totale de la manoeuvre. Bravo, là aussi c'est bluffant.
Gourmand que je suis, je me remet une petite louche de virolos en faisant un détour par la route d'Echirolles, mais en descente cette fois, ce qui me permet de mesurer que cette moto peut se conduire tout sur le dernier rapport, au couple mais avec du frein moteur quand même...

Il est alors temps de faire un peu d'autoroute, l'un des domaines de prédilection de l'engin. Bulle en position haute, à 130 km/h je peux tranquillement me rouler des clopes sur le réservoir après avoir enclenché le régulateur de vitesse ! La protection est complète, c'est tout juste si je ressens une légère brise. Les jambes, le torse, la tête, tout est à l'abri. Presque trop... J'en profite pour ouvrir l'ouïe d'aération du pare-brise pour m'offrir un peu d'air.
Sur la rocade de Grenoble, les bouchons sont déjà là. Me voilà donc "obligé" de me lancer dans le périlleux exercice de l'interfile. Là encore encore la Gold est impériale. Le gabarit est imposant et se remarque par les automobilistes dans leurs rétros, ils s'écartent naturellement. Qui plus est, on dirait que les gens ont de la sympathie pour cette moto ! Et au cas où, un coup de klaxon façon corne de brume a tôt fait de les réveiller ! Durant cet exercice souvent périlleux d'interfile, je me suis senti largement aussi à l'aise qu'avec mon scooter , c'est dire.




Mais alors, n'y aurait-il que des louanges à faire à cette Gold Wing ? Certes non ! En cherchant bien, on lui trouve même quelques défauts... J'ai déjà parlé plus haut de la sélection de boite un peu bruyante. L'absence d'une bulle réglable électriquement en hauteur est une vraie faute à mon sens. L'absence d'indicateur de rapport engagé est moins grave du fait de l'énorme souplesse et élasticité du six cylindres, mais quand même. Le tableau de bord et les multiples commodos des diverses fonctions font un peu navette spatiale, mais au moins est-ce finalement assez ergonomique et fonctionnel sans avoir à aller chercher dans le sous-menu du menu de l'OdB... Mais les deux plus gros défauts constatés par moi sur cet essai sont bien plus graves :
1 - Il m'a fallu rendre cette Gold Wing !
2 - Elle coûte cher, très cher

Ce que je retiens de cet essai, c'est avant tout l'extrême facilité de pilotage de cette machine, malgré ses apparences pachydermiques. C'est ensuite son efficacité redoutable en toutes circonstances et le confort total dans lequel le roulage s'effectue. On ne parle là plus de selle mais de canapé, la vie à bord est impériale. L'emport est énorme (150 litres de volume de la bagagerie intégrée). Et summum de tout cela, c'est aussi bien pour le passager que pour le pilote...
En conclusion, j'étais aller faire cet essai avec la quasi certitude que cette moto ne me plairait pas plus que cela. J'en reviens avec une autre certitude : j'en veux une !

Remerciements à la concession Altitude Moto de St Martin d'Hères pour cet essai

1 commentaire:

  1. Qu'est-ce que ce serait si l'essai portait sur une vraie moto... Légère (200 à 300 kg max), avec une géométrie actuelle (un vélo quoi...)

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