Ce WE, en remontant de notre virée à Venasque, sur l'autoroute
farcie de bouchons, nous nous sommes fait remontés par une foule de Gold
Wing qui rentraient de leur rasso annuel de Brignoles. Au bout d'un
moment, Delphine me dit que sur cette moto, elle voudrait bien monter et
que pour trimballer junior ce serait mieux que mon pov' scooter Sprint ou mon 1800 !
Ni une ni deux, et comme je me suis mis en tête de ne pas mourir idiot,
j'ai donc procédé à l'essai d'un de ces vaisseaux de la route appelés
Gold Wing. Je connaissais déjà un peu l'engin pour m'être fait
trimballé sur celui de mon pote, un modèle Airbag/GPS blanc de
2010, acheté à vil prix en Angleterre... Autant le dire tout de suite,
j'ai pris une énorme claque aux préjugés que je pouvais avoir avant cet
essai. Et pour résumer en un seul mot cette moto : WOOOOOWWWWWWWWW !
J'ai fait un parcours varié en passant par de la ville, des la route à virolos plus ou moins
serrés, de l'autoroute allemande, de la rocade encombrée en
interfile... bref, tout le panel de la circulation habituelle du motard
quotidien, et surtout un itinéraire parfait pour juger un moto en
toutes circonstances.
C'est donc sur un modèle 2013 d'à peine plus de 1.000 km au compteur
que je vais faire mon viron d'essai. Malgré ma grande habitude de
grosses motos et des engins de plus de 300 kg, je ne vous cache pas que
prendre le guidon de ce mastodonte de 420 kg et d'un volume incroyable
ne se fait pas sans une appréhension certaine. Je suis malgré tout
rassuré par la personne qui vient d'essayer la moto (possesseur d'une
Gold 1500), un autre propriétaire de 1800 présent pour la révision de
sa moto et bien sûr le conces' qui me disent tous de ne pas m'en faire,
que c'est une moto facile... Mouais, quand j'enclenche la première
devant tout ce public et que je lâche l'embrayage pour me lancer et
faire illico un bon virage à 90° à 5 km/h, j'ai comme un doute !
50 mètres et premier feu rouge. Je m'arrête sans encombre, parvenant à
poser quasiment les deux pieds à plat au sol malgré la (très) large
selle. Chaque démarrage d'un feu est un régal, le 6 cylindres chante
joliment sa mélodie. La boite est douce, l'embrayage pas viril, mais les
rapports claquent quand même plus fort que je ne l'aurais pensé. En
revanche, la transmission par cardan est un modèle de douceur. Associé à
ce fabuleux moteur qui reprend sur tous les rapports dès 800 tr/min,
aucun à coup ne vient perturber le roulage. Tout bonnement incroyable,
un vrai tapis volant.
Cette sensation de douceur et de voler au dessus de la route est
complétée par un moteur très linéaire qui, s'il sait prendre des tours
et donner de la voix passé 4.000 tr, pousse toujours, toujours,
toujours. La sensation est celle d'une main géante qui vous pousse
gentiment mais très fermement dans le dos ! Par ailleurs,
l'amortissement est un régal, l'anti-plongée de la fourche remplit bien
son office au freinage et l'ensemble de la moto peut être qualifié de
"onctueux".
Me voici rendu dans la montée d'Uriage et ses grandes courbes dont
certains ont tendance à se refermer fourbement. C'est ici que je prends
réellement conscience de la facilité de prise en main de cette moto.
La mise sur l'angle est hyper aisée, la conduite de la courbe impériale
grâce à une tenue de cap de type "rail". Les enchaînements de pif-paf
ne posent pas le moindre problème, la moto se balançant comme un gros
roadster avec une facilité déconcertante. Je suis sous le choc,
complètement bluffé par cette extrême facilité à piloter ce paquebot de
plus de 400 kg ! A côté, mon 1800, pourtant 70 kg plus léger, est un
vrai char à emmener dans les virages. Hallucinant, je n'en suis
toujours pas revenu alors que j'écris ces lignes.
Après avoir traversé Uriage, je file vers la droite vers Tavernolles
par un route plus roulante où je peux mettre plus de gaz. Et croyez
moi, malgré des sensations gommées par le confort, quand on visse la
poignée ça pousse assez fort. Bien sûr, ce n'est pas une hyper sport
qui vous colle les yeux au fond des orbites, mais ça avance déjà très
très bien, le tout dans le son envoûtant du six à plat. Rt quand il
faut ralentir voire s'arrêter, allez vous me dire ! Comment se stoppe
cette péniche d'une demi-tonne avec son pilote ? Hé bien aussi aisément
que de le dire : freinage ABS combiné à la poignée et à la pédale, ça
freine bien, même très bien avec un système anti-plongée qui fait
conserver son assiette à la moto pour une assurance totale de la
manoeuvre. Bravo, là aussi c'est bluffant.
Gourmand que je suis, je me remet une petite louche de virolos en
faisant un détour par la route d'Echirolles, mais en descente cette
fois, ce qui me permet de mesurer que cette moto peut se conduire tout
sur le dernier rapport, au couple mais avec du frein moteur quand
même...
Il est alors temps de faire un peu d'autoroute, l'un des domaines de
prédilection de l'engin. Bulle en position haute, à 130 km/h je peux
tranquillement me rouler des clopes sur le réservoir après avoir
enclenché le régulateur de vitesse ! La protection est complète, c'est
tout juste si je ressens une légère brise. Les jambes, le torse, la
tête, tout est à l'abri. Presque trop... J'en profite pour ouvrir l'ouïe
d'aération du pare-brise pour m'offrir un peu d'air.
Sur la rocade de Grenoble, les bouchons sont déjà là. Me voilà donc
"obligé" de me lancer dans le périlleux exercice de l'interfile. Là
encore encore la Gold est impériale. Le gabarit est imposant et se
remarque par les automobilistes dans leurs rétros, ils s'écartent
naturellement. Qui plus est, on dirait que les gens ont de la sympathie
pour cette moto ! Et au cas où, un coup de klaxon façon corne de brume
a tôt fait de les réveiller ! Durant cet exercice souvent périlleux
d'interfile, je me suis senti largement aussi à l'aise qu'avec mon scooter , c'est dire.
Mais alors, n'y aurait-il que des louanges à faire à cette Gold Wing ?
Certes non ! En cherchant bien, on lui trouve même quelques défauts...
J'ai déjà parlé plus haut de la sélection de boite un peu bruyante.
L'absence d'une bulle réglable électriquement en hauteur est une vraie
faute à mon sens. L'absence d'indicateur de rapport engagé est moins
grave du fait de l'énorme souplesse et élasticité du six cylindres, mais
quand même. Le tableau de bord et les multiples commodos des diverses
fonctions font un peu navette spatiale, mais au moins est-ce finalement
assez ergonomique et fonctionnel sans avoir à aller chercher dans le
sous-menu du menu de l'OdB... Mais les deux plus gros défauts constatés
par moi sur cet essai sont bien plus graves :
1 - Il m'a fallu rendre cette Gold Wing !
2 - Elle coûte cher, très cher
Ce que je retiens de cet essai, c'est avant tout l'extrême facilité de
pilotage de cette machine, malgré ses apparences pachydermiques. C'est
ensuite son efficacité redoutable en toutes circonstances et le confort
total dans lequel le roulage s'effectue. On ne parle là plus de selle
mais de canapé, la vie à bord est impériale. L'emport est énorme (150
litres de volume de la bagagerie intégrée). Et summum de tout cela,
c'est aussi bien pour le passager que pour le pilote...
En conclusion, j'étais aller faire cet essai avec la quasi certitude
que cette moto ne me plairait pas plus que cela. J'en reviens avec une
autre certitude : j'en veux une !
Remerciements à la concession Altitude Moto de St Martin d'Hères pour cet essai
Qu'est-ce que ce serait si l'essai portait sur une vraie moto... Légère (200 à 300 kg max), avec une géométrie actuelle (un vélo quoi...)
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