Parmi les "trails" routiers sportifs, la Ducati Multistrada 1200 tient
le haut du pavé depuis sa sortie en 2010. Sa version 2015 change bien
plus radicalement que de simples évolutions esthétiques, avec en
particulier l'adoption par son moteur d'une distribution à calage
variable DVT permettant une plus grande souplesse à bas régime et une
plus grande disponibilité sur toute la plage d'utilisation. Essai
rapide... mais assez concluant !
Avant de se lancer, un petit cours d'utilisation de la machine est nécessaire. En effet, l'ordinateur de bord mérite bien son nom et est une véritable usine à gaz : gestion des modes, paramétrages divers de l'ABS, du contrôle de traction, de l'apparence du tableau de bord et des infos que l'on veut y voir... tout est ajustable ! Les cinq minutes d'explications basiques par le commercial ne sont pas de trop pour y retrouver son latin.
Une fois ces bases acquises, on démarre par une impulsion sur le
démarreur... tout en gardant la clé en poche ! Voilà qui est bien
pratique. La machine s'ébroue dans un joli barouf. Pas de doute, c'est
bien une Ducati. L'ensemble demeure malgré tout moins bruyant qu'un
Diavel, tant mieux sur une machine destinée à voyager longtemps.
En selle (en position basse), mes deux pieds touchent le sol (mais pas
à plat), voilà qui est plutôt rassurant pour la gestion des arrêts et
manoeuvres. Allez, en route. Je démarre sagement en mode Touring
(quatre modes sont disponibles, influant sur la carto moteur, la course
de la poignée de gaz, l'amortissement, les niveaux d'intervention de
l'ABS et traction control), histoire de prendre la mesure de l'engin.
Démarrant en ville, je ressens immédiatement la première
caractéristique de l'engin : il chauffe, transmets cette chaleur aux
jambes du pilote et a besoin de grands espaces pour s'aérer ! Ca tombe
bien, je vais lui en donner dans 5 minutes...
Pour tester cette machine, quoi de mieux que la montée de St Martin
d'Uriage qui concentre en quelques kilomètrès tout ce qu'il faut :
virages serrés, épingles, enfilades bien plus rapides, zone de route
très bosselée... On va vraiment voir si la Multistrada ne faillit pas à
sa réputation.
De prise en main immédiate et facile, cette machine pourra néanmoins
surprendre un peu par la largeur de son guidon. En revanche,
l'efficacité de celui-ci pour faciliter le pilotage est une évidence
dès que l'on aborde ce type de route. La moto est également assez
étroite aux cuisses, avec des repose-pieds bien positionnés. Tout ceci
contribue à bien faire corps avec la moto et pouvoir la placer au doigt
et à l'oeil en agissant aussi bien avec les mains qu'avec les pieds et
les cuisses. Sur ce terrain de test hyper exigeant, la Ducati fait
merveille : facile, efficace aussi bien en tenue de route qu'en
amortissement (merci les suspensions pilotées ET dynamiques), très
puissante, elle permet très rapidement d'imprimer un rythme d'enfer.
Même sur route défoncée, la partie cycle ne se désunit jamais et même
gaz en grand sur les bosses, la motricité est maintenue. Pas étonnant
que cette machine fasse le bonheur des aficionados de la course de
Pikes Peak !
Le moteur est un régal : coupleux dès le bas, il envoie une bonne purée
passé les 5.000 tr, le tout dans un joyeux boucan. Aucun doute que le
passage en full à 160 cv doit être une tuerie. En attendant, les 106
déjà présents sont suffisants pour s'amuser.
Mettre du gaz c'est bien, mais il faut aussi parfois ralentir ! Et le
freinage donc ? J'avoue avoir été un peu surpris par celui-ci. Mon
souvenir du Diavel était qu'un seul doigt au levier suffisait pour se
faire propulser les roupettes dans le réservoir et le dentier dans le
guidon. efficace mais brutal ! Point de cela ici. Le levier a une
course bien plus longue et il faut bien plus tirer dessus. On y gagne
et progressivité et en confort ce que l'on y perd en mordant à
l'attaque. mais dès que l'on tire effectivement un peu plus, ça freine
fort, très fort même ! Là encore, du beau matériel Brembo issu de la
bête de course Panigale...
Côté confort de roulage, rien à redire. On est bien assis sur une selle
plutôt confortable. Les jambes sont repliées mais sans trop
contraindre les genoux. Les pilotes les plus grands pourront toujours
remonter la selle réglable. Toutes les commandes et comodos tombent
naturellement sous les mains. La course du sélecteur de vitesse m'a en
revanche parue un peu longue. Une fois que l'on a repéré où se trouvent
les infos, le tableau de bord à écran TFT (sur version S) est
parfaitement lisible et hyper complet. La bulle est étroite, mais assez
haute : elle protège ainsi bien le buste et la tête, mais les bras sont
exposés. Les clignotants sont parfaitement intégrés aux pare-mains,
l'éclairage full Leds est du plus bel effet et (parait-il) très efficace
en roulage nocturne. Bon point enfin aux poignées passager,
généreusement dimensionnées pour pouvoir être tenues même avec des gros
gants.
Bilan très positif pour cette superbe moto, donc. reste la question
épineuse du tarif, et là ça fait mal. 20.000 € pour une machine sans
bagagerie et sans packs d'options, ça calme. Et pourtant, Ducati les
vends comme des petits pains...
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