samedi 9 mai 2020

Le Top 10 des 7a de la cuvette (et ses rebords...)

Bon, maintenant c'est fini de rigoler ! Le sixième degré c'était "les limites des possibilités humaines" (dixit Willo Welzenbach, auteur de la première véritable échelle de cotation en escalade reconnue). Mais nous, on va au-delà, le septième degré ne nous arrête pas... Avec le 7a, on met le pied (et la main) dans la cour des grands !


1- Cadavre exquis, Les Lames
De mon point de vue, il s'agit de la plus belle ligne des Lames. Et puis, en plus, on y trouve une fort belle colonnette, ce qui ne gâche rien. Par ailleurs, pour un 7a+ il n'y a aucun mouvement vraiment dur dans Cadavre exquis, juste un enchaînement assez continu, physique et aussi une petite blague d'équipement? En effet,  lors du rééquipement, tous les trous étaient percés, la colle prête... mais il manquait une broche pour remplacer le dernier point. Le plaisantin, dont je tairai ici le nom, dit alors qu'il viendrait la mettre plus tard... ce que bien sûr il ne fit jamais ! Depuis, on se met donc une bonne petite tirée entre ce qui était l'avant-dernier point et le relais...

©Tata La Cuvette

2- High glandeur, Espace Comboire
Espace Comboire a cela de remarquable que c'est un spot qui a la capacité d'étonner. Deux vois côte à côte présentent souvent des caractéristiques très différentes et uniques, ce qui en fait des sacrés challenges à vue. High glandeur est l'une des plus typiques avec un dièdre très pur, assez pauvre en prises et qui impose donc de sortir tout l'arsenal technique ainsi qu'une confiance sans faille dans ses pieds. Une vraie merveille qui ne se laissera pas dompter aisément...

©Tata La Cuvette

3 - Vent d'orage, Comboire
Depuis la vire entre les deux zones de toits de Comboire, on accède à un véritable paradis, celui de la Grande dalle. En fait de dalle, c'est assez raide, mais toujours magnifiquement sculpté. Le ruissellement nenu des toits du haut a ciselé ce bout de calcaire comme aucun autre et ce sont donc souvent des lignes truffées de gouttes d'eau et de murs crépis à l'adhérence infernale qui s'offrent au grimpeur. Vent d'orage est un pilier assez redressé sur le fil duquel on évolue de réglette et goutte d'eau, avec des petites prises de pieds, le tout dans une ambiance de dingue puisqu'un est déjà perché à quelques dizaines de mètres du sol. À coup sûr l'une des plus belles voies du site et vraiment un des plus beaux 7a de la cuvette.

©Tata La Cuvette

4 - Verve vaine, Fontaine
La quintessence des Vouillants, site déjà largement et justement présent dans les précédents opus, est sans aucun doute le bien nommé Mur de l'angoisse. Ce secteur c'est un peu nos gorges du Tarn à nous, avec ses fameuses "infinite lines" pleines d'ambiance et allant jusqu'à plus de 50 mètres, mais avec le doux ronronnement d'une déchetterie au pied plutôt que celui de la rivière. Timidement exploré par les anciens avec des lignes qui faisait déjà pâlir les plus aventureux de l'époque, comme La tuile, Les cannelures sauvages ou pire Le maigrichon, il faudra attendre l'audace de Ludo Pin et Dédé Bouvet pour venir exploiter les grands murs centraux. Jusqu'alors réservé aux octogradistes téméraires, le secteur a connu depuis deux ans un lifting et une démocratisation, sous l'impulsion d'inconditionnels ECIstes du cru. Cerise sur le gâteau, un chemin pavé depuis la droite permet maintenant un accès confortable. Avec un nouveau départ direct qui permet d'éviter d'hasardeuses manip' de corde, Verve vaine est devenu le 7a incontournable du lieu. Un voyage immense au pays des silex, dans une ambiance extraordinaire. Corde de 80 mètres minimum obligatoire.

5 - Coup de lune, Saint Pancrasse
Les secteurs du haut du Luisset, les premiers à avoir été équipés, ont la réputation (justifiée !) de proposer un rocher qui complique sérieusement la tâche à l'amateur d'escalade à vue. C'est particulièrement vrai dans les voies les plus en dalle et Coup de lune n'échappe pas à la règle ! C'est hyper compact, truffé de petites vaguelettes qui laissent penser qu'il y a une prise... mais en fait non ! Il faut vraiment se caler sur les pieds pour avoir le temps de chercher les "vraies" prises dans cet océan gris. Pour celui qui travaillera la voie, le calage de méthodes au millimètre et surtout la mémorisation sans faille de celles-ci sera la clé de la réussite. Mais la satisfaction d'enchainer ce bijou sera alors encore plus grande.

©Tata La Cuvette

6 - Boomerang, L'Aulp du Seuil
Si ce n'était cette éreintante marche d'approche, il est évident que la falaise de l'Aulp du Seuil serait bien plus fréquentée, eu égard à la qualité des voies que l'on y trouve. Avantage de l'inconvénient, on y sera quasi systématiquement seul ! Dans ce que l'on pourrait qualifier avec un brin d'emphase de mini-Céüse chartrousin, on trouve un panel de quelques voies bien déversantes et truffées de trous plus ou moins bons. Dans le 7a+ de Boomerang, attendez vous donc à devoir jouer du biceps pour empocher la croix. Mais cette voie constitue un aperçu et une mise en bouche parfaits pour la suite dans toutes ses voisines du même genre, en plus dur !

7 - Nos vices en la matière, Lans en Vercors
Voilà une voie aussi originale que magnifique. Nos vices en la matière débute en effet par l'étonnante goulotte de Machiavélique, puis s'en échappe par une traversée en dalle déjà bien technique. Et là, c'est le drame : on vient buter sous un bombé bien marqué, dans lequel il n'y aura pas moyen de tergiverser ! Pas de faux semblants, il faudra fermer le bras dans de gros blocages pour, à chaque mouvement, aller chercher la prise suivante. Pas la moindre intermédiaire, peu de choix de prise de pied, c'est du brutal ! Mais quelle pureté dans l'escalade et quelle impression de grimper dans un truc ultime alors que ce n'est "que" 7a+...

8 - Coulée douce, Tina Dalle
Quand on parle de Tina Dalle, on pense inévitablement colonnettes. Ça tombe bien, Coulée douce est la plus abordable des lignes de colo disponibles sur le spot. Mais ce ticket d'entrée est quand même de 7a+. Et autant cette voie déroule parfaitement quand on la connait, autant le à vue sera possiblement corsé car, ruse ultime, il y a pas mal de prises cachées entre les colonnettes ! Et puis, comme il y a un petit peu d'air entre les points, on aura tôt fait de se farcir les avant-bras bien proprement ! À noter qu'on pourra durcir la voie avant un départ direct en 7b et/ou une extension en 7b+. Un bon prétexte pour faire et refaire cette ligne majeure.


9 - Nabucco, Les Saillants du Gua
Le Spot à Rolo est le secteur le plus éloigné du site des Saillants du Gua. Ne rechignez pas devant la marche d'approche, car c'est sûrement là-haut qu'on trouve le plus beau caillou. La partie droite offre de grandes envolées sur un rocher gris superbement sculpté, avec des voies majoritairement dans le 6. Dans la partie gauche, le profil devient plus déversant, le caillou passe du gris au jaune et s'agrémente de fissures, de trous et de plats, l'escalade devient plus physique et se concentre dans le 7, avec même de l'extrême dans le panneau à 35° de droite (Les règles du jeu 8c, plutôt bloc sur croutes). Plus abordable, Nabbucco est la première voie du secteur en arrivant et sûrement la première équipée. Cet ancien 6c est maintenant prolongé, pour profiter des derniers mètres plus faciles sur du beau caillou gris compact. Mais avant d'en arriver là, vos avant-bras auront déjà pris une bonne dose avec la section physique du départ et vos neurones auront été mis à rude épreuve pour trouver le meilleur passage pour revenir sur la gauche et se sortir du crux finaud médian.

10 - La meute rode, Satan
Cette voie est incontestablement la meilleure façon de mettre un pied dans le septième degré à Satan. C'est long (30 mètres), raide et varié, technique et rusé (quelques prises un peu cachées pour pimenter le à vue), mais ça reste abordable et c'est bien équipé. Après une approche commue avec le 6a+ de gauche, une petite traversée vous mettra dans le bain avant d'attaquer une section de caillou gris où la lecture sera déterminante. Un léger repos et un petit bombé finira de martyriser vos avant-bras pour que la dalle finale ne soit pas une simple formalité... Un régal !

©Tata La Cuvette

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