1 - L'arme à l'oeil, Espace Comboire
Il en va comme ça de certains mythes. À leur évocation les esprits se perdent, entre fascination pour ceux qui n'y ont encore jamais goûté et ceux qui rentrent en transe en se remémorant des souvenirs intenses. Ils rentrent même dans le langage commun et tout le monde sait instantanément de quoi on parle. On ne dit plus faire "je fais 7b", on dit "j'ai fait L'arme à l'oeil"... et soudain le regard de nos interlocuteurs change et l'on comprend qu'on fait maintenant partie de la sacro-sainte famille des cuvettards. Espace Comboire et ce secteur des dévers a marqué un tournant dans l'histoire de la cuvette. Il n'a pas été étranger à l'explosion du niveau, ni à l'émergence de grimpeurs ayant marqué une page de l'histoire locale, mais pas que... en commençant par Francois Legrand (multiple champion de France et du monde), Yann Ghesquiers (grimpeur d'exception), Vincent Albrand (grimpeur visionnaire)... et quelques autres encore ! L'arme à l'oeil fait partie des passages obligés, du rituel initiatique, peut-être parce que c'est une base de conti pour le niveau, parce que le réta du milieu est vraiment retors et parce que les nerfs sont mis à rude épreuve par la suite quelque peu aérée au niveau de son équipement. Le tout sur ce rocher magique et bien à sensation que le monde entier nous envie... Pourquoi croyez vous qu'on parle si souvent de caillou et de style "comboirien" ?
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2 - Bachibouzouk, Lans en Vercors
Ça en fera sans doute sourire certains, ça en intriguera d'autres, mais je n'hésite pas une seconde à qualifier le pilier de Bachibouzouk de verdonnesque. Oui, oui, rien de moins. Dans son allure élancée tout d'abord, mais pour la qualité de son rocher gris surtout. Ça commence par un mur ciselé de cannelures verticales, puis une traversée qui constitue le vrai crux avec des petites prises de pied arrondies et quasiment pas de prises de main. Bourrin s'abstenir, vous risqueriez le "nervous breakdown"... Suivent un petit bombé et une longue dalle verticale, mais la difficulté y est moindre et on ne fera que se régaler d'avancer vers le relais sur d'assez bonnes prises, en sachant que la partie est quasiment gagnée.
3 - Hutus ou rien, Pierrot Beach
En voilà une qui ne se laisse pas avoir facilement. Ouverte lors des championnats de France jeunes de 1994, elle servit de finale pour la catégorie minimes... et certains de ces pauvres petits en furent probablement traumatisés ! Entre les mouvements de grande ampleur du départ, les prises cachées du crux, l'engagement général de la voie, il faut dire qu'il y a une belle matière à se mettre pas bien dans cette ligne d'ampleur. Et puis, si l'on passe tout cela, il reste encore à se coltiner la fissure-dièdre qui conduit au relais en vous finissant de vous atomiser les avant-bras. En un mot comme en cent : majeur !
4 - Beudel beuh, Le Mas d'Oris
Le Mas d'Oris est un petit secteur par la taille, mais immense par la beauté du caillou et des voies que l'on y trouve. Et dans cet écrin, le plus beau des joyaux est sans nul doute Beudel beuh, un 7b d'anthologie. Ca démarre fort par un sérieux coup de rein physique sur des épaules pour sortir du petit surplomb de départ, ça continue magistralement par des fausses colonnettes et du crépi et ça finit en apothéose dans un dévers à grands mouvements qui pourront vous faire choir quasiment le nez sur le relais. Tout cela en passant d'un rocher marron à ocre puis blanc et gris. Et une fois que vous aurez goûter à ce délice, sûr que vous aurez envie d'aller tâter des quelques voies voisines...
5 - Babycat, Le goupil
Les petites barres rocheuses de la face sud-est du Néron ont attiré longtemps le regard des locaux sans pour autant connaître le succès. Il a fallu attendre que le jeune Flo Plaze décide de s'y coller pour nous offrir quelques morceaux de choix. Car oui, ça valait vraiment le coup d'équiper ces secteurs. Au Goupil, le manque d'ampleur des voies est largement compensé par un super caillou, des passages aux mouvements exigeants, à doigts et techniques pour des voies qui, au final, vous laissent des souvenirs ! Le ticket d'entrée est élevé avec le 7b de Babycat, mais cette voie vaut à elle seule la visite. Le premier mur vous mettra direct dans le tempo par ses plats qu'il faudra bien travailler pour en sentir le grip. Le second mur sera quand à lui plus abrasif, avec quelques réglettes éloignées dans une zone grise superbe. une fois maîtrisée, cette voie sera un échauffement parfait avant de se jeter dans les autres voies nettement plus corsées.
6 - Bruitage, Corrençon
Curieusement, la falaise de Corrençon ne semble jamais avoir connu un franc succès. Je dis curieusement car on y trouve pourtant quelques morceaux d'anthologie de la grimpe en mur vertical. Parmi ceux-ci, une des plus belles est Bruitage, un 7b d'une bonne trentaine de mètres. Il impose une escalade toujours ultra-technique et exigeante sur un caillou exceptionnel de compacité. L'itinéraire louvoie pas mal et il faudra être malin en zigzagant au plus judicieux. La seconde partie de la voie, avec une dalle suivie d'une fine écaille sera un morceau de bravoure à enchainer une fois qu'on se sera bien fatigué dans le bas ! En moulinant dans la voie, profitez-en pour jeter un oeil à Silence, le court 8a+ qui est juste à droite et est sans doute une des voies de ce niveau les moins refaites dans la région...
7 - L'attaque tonique des claques, Cascade d'Alloix
Le premier des conseils qu'on peut vous donner avant d'aller à la cascade d'Alloix, c'est d'attendre d'avoir un bon stock de corne au bout des doigts. Le rocher est ici tellement concrétionné que le broutage est ultime. En même temps, au moins les prises ne glissent pas sous les doigts... Le secteur est très réduit (huit voies seulement !), mais il n'y a rien à jeter. Mais comme entrée en matière, le meilleur choix sera ce 7b+ magnifique. Après un petit pas de bloc nerveux au départ, ce sera un régal d'enchaînement de grands mouvements sur de petits bouts de colonnettes et concrétions diverses. Gardez du jus, c'est soutenu jusqu'au relais ! Ensuite, second conseil : comme la falaise est à l'ombre l'après-midi, vous y viendrez plutôt en été. Après avoir grimper, allez vous rafraîchir et vous relaxer dans les vasques sous les cascades du bas... petit coin de paradis garanti !
8 - Peaky blinders, Satan
Encore une voie qui concentre l'essence de la grimpe cuvettarde en 30 mètres ! C'est raide (voire légèrement déversant), technique (toujours), soutenu (assez), finaud (par endroits) et donc au final bien exigeant. La cotation de 7b est très juste et l'équipement parfait pour obliger à grimper mais ne pas s'angoisser dans les crux. Du très bon boulot, comme la grande majorité des voies de ce site récent dont le succès ne se dément pas grâce à toutes ces qualités. En mode post-confinerment, ça fait du bien de savoir qu'on dispose d'un terrain de jeu comme celui-là à tout juste quelques kilomètres de la maison !
9 - Festina lente, Crossey
Frais les après-midi d’été, le secteur du trou de l'aigle des falaises de Crossey regorge de véritable trésors
de grimpe longue et technique sur un rocher gris au grain plutôt doux. La
prédominance de prises arrondies requiert un temps d’adaptation, pour une
escalade subtile et bien à sensation. La
longueur des voies les rend plutôt continues, ponctuées de nombreux pas
d’équilibre en mur vertical, histoire de devoir rester bien concentré jusqu’au
relais. Dans ce style et dans le niveau 7b, l'incontournable du coin
est incontestablement Festina lente, en plein centre du secteur.
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S'il ne devait en rester qu'un... ce serait sûrement ce monument de la DJ Face. Un mur gris immense, à l'écart des foules, un caillou de rêve truffé de petits trous et de gouttes entièrement naturels où le mot lecture prend tout son sens. Une voie d'ampleur et à l'engagement certain, autant d'ingrédients qui en font un cocktail addictif qui vous rendra totalement accro. Corde de 100 mètres obligatoire (sinon fractio prévu) et visite dans les voisines de droite (un peu bricolées cette fois) fortement recommandée !
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