De Paul Preuss à Alex Honnold, en passant par Claudio Barbier ou Patrick Edlinger, le solo a toujours été la forme ultime de l'escalade, celle qui engage intégralement son auteur qui risque jusqu'à sa vie dans une ascension. Il est assez étonnant d'ailleurs que dans le monde actuel aseptisé qui est le nôtre et auquel l'escalade n'échappe pas, cette pratique totalement "border line" parvienne encore à garder une place.
Il reste néanmoins qu'il convient de se questionner sur deux points :
1 : tout d'abord l'apparente contradiction qu'il peut y avoir, pour les (rares) pratiquants de cette discipline, entre l'essence même du solo intégral et "l'usage", qui en est fait. Par définition, le solo intégral (sans aucun dispositif permettant de s'auto-assurer en cas de besoin) est une pratique qui confronte le grimpeur à une voie, à une difficulté mais surtout à lui-même. Pour en avoir un peu fait, je ne sais que trop que c'est normalement cet aspect en particulier qui est recherché. Il m'était par exemple impossible d'envisager une ascension de ce type si quelqu'un était présent sur la falaise en même temps. Radicalement égoïste (voire égotiste...), le solo intégral imposerait que la solitude soit totale pour que le "jeu" soit respecté. Mais depuis que les médias s'y intéressent, voire ne voient l'escalade que par ce prisme plus qu'étroit mais ô combien plus vendeur qu'une compétition sur un mur et des prises en plastique, le solo est devenu un argument commercial : pour les médias pour vendre leurs sujets, mais aussi pour les grimpeurs pour en tirer un profit, symbolique ou pécunier. De fait, le solo est certainement devenu l'acte de grimpe le plus médiatisé, le plus public et donc... le moins personnel !